J-3 avant Noël... le point sur la situation COVID
- Aude Lecrubier, Stéphanie Lavaud
- Nathalie Barrès
- Actualités Médicales par Medscape
La 5ème vague liée au variant Delta est actuellement très active, mais a probablement atteint un pic ou un plateau de contaminations. Il n’en reste pas moins que son impact sur le système de soins devrait être maximum durant la période des fêtes et se prolonger en janvier 2022. Aussi, une sixième vague liée au variant Omicron est fortement redoutée pour la mi-janvier.
Dans ce contexte, le gouvernement a annoncé vendredi dernier plusieurs nouvelles mesures pour limiter la propagation de l’épidémie et éviter une saturation des services de soins. De son côté, le Conseil scientifique a publié ce week-end un avis, fort de propositions pour anticiper cette 6ème vague. De nouvelles mesures pourraient être prises dans les jours qui viennent si la situation s’envenimait comme c’est le cas des pays voisins comme le Royaume-Uni ou les Pays-Bas. Le point en France et en Europe en ce début de semaine.
Des nouvelles mesures
Le premier ministre Jean Castex a annoncé vendredi soir de nouvelles mesures pour lutter contre la pandémie.
- Le pass sanitaire devrait devenir fin janvier un « pass vaccinal », qui ne pourra être activé qu'avec un schéma vaccinal complet et non plus un simple test négatif.
- Le rappel vaccinal pourra être effectué dès 4 mois après la deuxième dose.
- La rémunération des heures supplémentaires réalisées à l'hôpital est « multipliée par deux » à compter du 20 décembre.
- Les professionnels de ville sont appelés à se mobiliser pour assurer la permanence des soins pendant la période de Noël.
- « Des mesures seront également déployées pour nos services d'urgence, mais ce que nos soignants attendent de nous, c'est que nous soyons prudents et surtout que nous nous vaccinions » , a ajouté Jean Castex.
- La France limite l'accès aux voyageurs en provenance du Royaume-Uni. Les déplacements vers la France sont limités aux résidents français et à leurs familles depuis samedi 18 décembre. La validité des test PCR est abaissée à 24h, un isolement de 7 jours est requis une fois en France. Il est levé en cas de test négatif au bout de 48 heures.
Un nouvel avis du Conseil scientifique
Si les données sur le variant Omicron « sont très évolutives et encore peu solides », le Conseil scientifique (CS) a souhaité faire une mise à jour des connaissances et être force de propositions pour tenter de limiter les conséquences d’une 6ème vague à Omicron[1].
Omicron : état des connaissances
« Les nouvelles infections au variant Omicron vont être très nombreuses à partir de début janvier 2022. Le variant Omicron pourrait être majoritaire en France dès la mi-janvier 2022 », indique le nouvel avis du CS qui précise :
- qu’il existe actuellement deux sous lignages de variant Omicron BA.1 (majoritaire) et BA.2 (minoritaire) qui ne présentent pas de différence en termes d’impact, d’échappement immunitaire ou de transmission.
- que la transmission est nettement augmentée par rapport au variant Delta.
- que l'efficacité vaccinale contre l'infection symptomatique est modérée avec une double vaccination Pfizer, faible avec double vaccination AZ, mais monte à 70% après une dose de rappel. Elle est bonne également chez les personnes ayant eu une infection et une double vaccination.
- qu’un maintien de la protection induite par l’immunité cellulaire de type TCD4 et TCD8 permet aussi d’anticiper le maintien d’une protection clinique vis-à-vis des formes sévères, comme observé dans les premières études cliniques disponibles.
- qu’il n'y a pas d'élément objectif pour dire à ce jour que le variant Omicron entrainerait des formes cliniques moins sévères que celles observées avec les autres variants.
Efficacité des antiviraux contre Omicron
- Perte totale de l’efficacité des anticorps monoclonaux casirivimab/imdevimab, (Roche/Regeneron) et bamlanivimab/etesevimab (Lilly)
- Conservation partielle de l’efficacité pour les anticorps monoclonaux tixagevimab/cilgavimab, (Astra Zeneca), même si les données ne sont pas encore stabilisées (à confirmer).
- Efficacité probablement conservée pour les anticorps monoclonaux sotrovimab (Vir Biotechnology/GSK).
- Le médicament par voie orale Paxlovid (Pfizer) devrait être efficace car dirigé contre la protéase du virus qui est peu modifiée, mais ce produit ne sera disponible en quantité qu'à partir de mi-février 2022.
Des propositions pour freiner sa propagation
« Il faut freiner la progression du variant Omicron pour éviter la saturation de l'hôpital déjà très en difficulté avec le variant Delta, et observer la progression chez nos voisins (Royaume-Uni, Danemark et Norvège) », souligne le Conseil scientifique.
Pour cela, il propose :
1) d’élargir la dose de rappel à l'ensemble de la population adulte
Au 13 décembre 2021, 60% des plus de 65, et 30% des 50-64 ans, avaient reçu une dose de rappel.
- Le CS suggère d’avancer au 1er janvier l'éligibilité du rappel à 4 mois ce qui augmenterait d'un coup le nombre d'éligibles de 10 millions de personnes et nécessiterait un étalement sur plusieurs semaines de leur prise en charge.
- Il souligne que la possibilité d’une dose de rappel dès 3 mois après la vaccination initiale doit être encouragée chez les plus de 65 ans et surtout dans les EHPAD (après avis du COSV).
- Le Conseil scientifique recommande très fortement de rendre le rappel obligatoire aux soignants et au personnel des établissements sanitaires et médicosociaux dans un contexte où le variant Omicron est déjà présent dans les établissements de soins avec un niveau de transmission élevée.
- En ce qui concerne les personnes en EHPAD, très vulnérables, et dont 70% ont déjà reçu un rappel, pour le Conseil scientifique, l’effort de vaccination de rappel doit être très intensifié, avec l’évolution du délai de 5 mois à 3-4 mois entre la vaccination initiale et le rappel (sous réverse d’une validation de la HAS et du COSV). Le contrôle des visiteurs doit être recommandé, avec un test (PCR, antigénique, ou autotest) de moins de 24h pour toute personne n’ayant pas de rappel vaccinal, et proposé pour celles ayant eu un rappel, avant entrée en EHPAD.
2) de vacciner les enfants de 5-11 ans à risque de formes graves, puis l'ensemble de cette tranche d'âge.
- La HAS a recommandé la vaccination des 5-11 ans sur la base des données d'efficacité et de tolérance disponibles. Celle-ci reste non obligatoire et ne conditionne pas l'obtention d'un pass sanitaire.
3) d’administrer les anticorps monoclonaux en prophylaxie aux personnes avec déficit immunitaire n'ayant pas réussi à développer une immunité post-vaccinale.
Concernant les festivités de fin d’année
- Le Conseil scientifique appelle à la responsabilité individuelle pour la soirée de Noël (en comité limité, réalisation de tests et autotests, aération des pièces, doses de rappel, respect des gestes barrières…)
- Pour les festivités du nouvel an, le Conseil scientifique fait deux propositions :
1) S’appuyer sur la responsabilité individuelle (comme la soirée de Noël) en demandant aux personnes qui sortent à l’extérieur ou qui ont des festivités entre amis de se faire tester largement le 31 décembre par test antigénique ou autotest et 5 jours après (même s’ils sont vaccinés avec une dose de rappel), de ne pas multiplier les différents lieux de sorties pour une même personne qui, si elle est infectée, serait à l'origine de plusieurs clusters, de limiter la taille des évènements festifs et d’éviter de voir des personnes âgées de plus de 65 ans durant la première semaine de janvier pour éviter une transmission post-réunion festive du jour de l’an.
2) Au regard de l'accélération de l'épidémie, et des risques liés aux activités festives de fin d'années, des mesures de restriction significatives doivent pouvoir être prises par les autorités à l'occasion du réveillon (y compris le cas échéant sous la forme de limitation d'activités collectives ou de couvre-feux), avec la possibilité d’une déclinaison territoriale.
Progression d’Omicron progresse : quelles réactions chez nos voisins ?
Le variant Omicron poursuit sa progression en Europe.
- Quelques clusters de grande taille ont été observés en population doublement vaccinée (Norvège, Danemark), rapporte le Conseil scientifique.
- Avec un temps de doublement du nombre de cas très court – estimé entre 2 et 3 jours (en Ecosse, Angleterre, Danemark, Belgique), la circulation virale a débuté chez les sujets jeunes (20-39 ans) (en Angleterre et au Danemark), mais commence à gagner les tranches d'âge plus âgées. C’est le cas notamment à Londres où le variant Omicron est devenu majoritaire.
La progression de l’épidémie en général et celle du Omicron en particulier a incité certains pays européens à prendre des mesures restrictives.
- C’est le cas du Danemark où le nombre de contaminations atteint des records dans le pays, avec plus de 10.000 cas quotidiens, dont 2.500 d’Omicron. De fait, les théâtres, les cinémas, les parcs d'attraction, les zoos, les salles de réception, et tous les lieux accueillant beaucoup de monde – musées, salles de concert, etc – sont désormais fermés. Bars et restaurants restent ouverts, mais doivent limiter le nombre de leurs clients et arrêter de servir de l’alcool à 22 heures, avant de fermer à 23 heures.
- Aux Pays-Bas, tous les magasins non essentiels, restaurants, bars, cinémas, musées et théâtres doivent garder portes closes jusqu’au 14 janvier, tandis que les écoles resteront fermées jusqu’à 9 janvier. Le nombre d’invités est réduit à 2, sauf pour Noël, ainsi que la veille et le lendemain de cette date et la période de Nouvel An, où il sera de 4.
- Le nombre de cas positifs en Allemagne reste sous contrôle, mais le pays a néanmoins adopté dès à présent la vaccination des enfants.
- Selon plusieurs médias britanniques, le gouvernement envisage d’interdire les rassemblements en intérieur après Noël pendant 2 semaines pour tenter de briser la vague.
- En Irlande, les bars, pubs et restaurants devront fermer à 20 heures, et ce, jusque fin janvier. Une jauge sera appliquée pour tout événement accueillant du public.
- En Suisse, seules les personnes vaccinées ou guéries ont désormais accès à l’intérieur des restaurants, des établissements culturels et des installations de sports et de loisirs ainsi qu’aux événements en intérieur.
- La vaccination à elle seule ne suffit plus pour entrer dans certains pays. Ainsi, le Portugal, l’Irlande, la Grèce mais aussi l’Italie imposent désormais aux voyageurs européens, même vaccinés, de présenter un test négatif de moins de 48h, avant de passer leurs frontières. En Italie, les personnes non vaccinées devront quant à elles observer une quarantaine de cinq jours à leur arrivée, en plus de la présentation d’un test négatif.
Cet article a été écrit par Aude Lecrubier, Stéphanie Lavaud et a initialement été publié sur le site internet Medscape.
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