Ivermectine : effets toxiques associés à un usage inapproprié contre le COVID-19
- Temple C & al.
- N Engl J Med
- Agnès Lara
- Résumé d’article
À retenir
Face au signalement croissant d’effets potentiellement sévères, les auteurs alertent sur les risques associés à un usage inapproprié de l’ivermectine et rappellent que les données actuelles sont insuffisantes pour prescrire cette molécule dans la prévention ou le traitement de la COVID-19.
Des résultats montrant un effet de l’ivermectine sur la réplication du SARS-CoV-2 in vitro avaient suscité un temps beaucoup d’espoirs. Mais les essais cliniques n’ont pu montrer de réels bénéfices de cette molécule, tant dans la prévention que dans le traitement du COVID-19. Au vu des données disponibles, et suivant les positions de l’Agence Européenne du Médicament et de l’OMS, l’ANSM a rejeté la demande de RTU pour la prise en charge du COVID-19 début avril 2021 (1). Cela a suscité une vive polémique dans les milieux complotistes et bien au-delà. Et une forte augmentation de l’usage vétérinaire et des prescriptions hors AMM de l’ivermectine a été observée aux États-Unis comme en France. Une lettre à l’éditeur vient de paraître dans le New England Journal of Medicine visant à alerter sur une possible toxicité de l’ivermectine utilisée dans ce cadre.
Le centre anti-poison de l’Oregon a en effet vu récemment le nombre d’appels téléphoniques augmenter de la part de sujets ayant été exposés à l’ivermectine en prévention ou en traitement du COVID-19, notamment depuis le début de l’année 2021, alors que les appels concernant l’exposition à d’autres « poisons » restaient stables.
Les auteurs rapportent que sur les 21 appels reçus en août à ce sujet, 11 personnes avaient utilisé l’ivermectine en prévention et 10 en traitement de la COVID-19. Trois d’entre elles avaient reçu des prescriptions, les autres avaient acheté une forme vétérinaire du médicament.
Chez la plupart des appelants, des symptômes étaient survenus dans les deux heures suivant la première prise d’une forte dose. Chez les personnes qui avaient été exposées aux formes vétérinaires du médicament, les doses ingérées variaient de 6,8 mg à 125 mg. Pour les formes destinées à l’homme, il s’agissait de doses de 21 mg/prise, à raison de 2 fois par semaine en prévention de la maladie.
Sur ces 21 personnes, 6 ont été hospitalisées en raison de symptômes sévères : gastro-intestinaux (4 personnes), de confusion (3 personnes), d’ataxie et de faiblesse musculaire (2), d’hypotension (2) et de convulsions (1). Chez les non-hospitalisés, les symptômes étaient surtout gastro-intestinaux et comprenaient également des vertiges, confusions, troubles visuels, éruptions cutanées.
1. L’ANSM publie sa décision sur la demande de RTU pour l’ivermectine dans la prise en charge de la maladie COVID-19. ANSM, le 1eravril 2021. [En ligne] https://ansm.sante.fr/actualites/lansm-publie-sa-decision-sur-la-demande-de-rtu-pour-livermectine-dans-la-prise-en-charge-de-la-maladie-covid-19
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