Isolement social… jusqu’à en mourir

  • Résumé d’article
L'accès à l'intégralité du contenu de ce site est reservé uniquement aux professionnels de santé disposant d'un compte. L'accès à l'intégralité du contenu de ce site est reservé uniquement aux professionnels de santé disposant d'un compte.

À retenir

  • Cette revue de la littérature et méta-analyse met en évidence une forte augmentation de la mortalité toutes causes chez les personnes isolées socialement à travers le monde.
  • La taille de l’effet est similaire quel que soit l’outil utilisé ou le niveau de revenu du pays habité.
  • Selon les auteurs, « ces résultats mettent en lumière l’universalité de l’effet délétère que peut avoir l’isolement social sur la santé par différents biais : hygiène de vie, bien-être mental, accès aux soins, observance aux traitements... »
  • Ils alertent aussi sur le fait qu’avec le vieillissement de la population, ce phénomène risque de prendre plus d’ampleur à l’avenir et incitent à prendre en compte ce paramètre dans le suivi des populations vulnérables.

Pourquoi est-ce important ?

L’isolement social est défini par l’absence de relations sociales à travers les contacts, les personnes ressources ou encore la participation à des activités sociales ou religieuses. Au cours de ces dernières années, il est apparu comme un déterminant majeur de la santé et a été associé à un risque accru de morbidité et de mortalité, souvent en lien avec une hygiène de vie moins favorable. L’importance de cet effet est cependant variable selon les études et restait à apprécier.

Méthodologie

Cette revue systématique de la littérature a recherché dans différentes bases de données des études de cohorte prospectives et rétrospectives ayant évalué l’association entre isolement social et mortalité toutes causes. La recherche a été étendue à un grand nombre de pays de différentes régions du monde, de niveaux économiques variés, en milieu rural et urbain, de façon à pouvoir tenir compte de paramètres culturels ou liés aux modes de vie.

L’isolement était mesuré objectivement et subjectivement par questionnaire.

Les données ont ensuite été poolées dans le cadre d’une méta-analyse.

Principaux résultats

La revue de la littérature a identifié 36 études, la plupart issues des États-Unis, d’Europe ou du Japon. Dans leur ensemble, elles représentaient les données de près de 1,4 millions de personnes. L’âge moyen des participants à l’inclusion était de 53 ans et ils avaient été suivis en moyenne durant 17 ans (de 8 mois à 30 ans).

La prévalence de l’isolement social variait beaucoup (de 0,6% à 35,7%) en fonction des outils de mesure et des populations. Les questionnaires utilisés était le Social Network Index (SNI) (11 études), le SNI modifié (14 études), le Mannheim interview on social support (1 étude) et le Patient-Reported Outcomes Measurement Information System Social Isolation Short Form (1 étude).

La méta-analyse a ensuite poolé les données de 27 études qui avaient mesuré l’effet de taille et le risque ajusté (Hazard ratio) en fonction de différents facteurs (âge, hygiène de vie ou comorbidités).

En cas d’isolement social le risque de mortalité toutes causes était accru de 33%, (Hazard ratio de 1,33 [1,26-1,41], p<0,00001), avec toutefois une forte hétérogénéité : I2=76%. La taille de l’effet restait du même ordre lorsque l’analyse était stratifiée en fonction des questionnaires utilisés et l’hétérogénéité restait importante. Des résultats similaires étaient retrouvés lorsque la stratification était réalisée en fonction du niveau de revenu des pays (bas, moyen, ou élevé).