Intérêt d’une prophylaxie antiépileptique en phase aiguë d’AVC

  • Peter-Derex L & al.
  • Lancet Neurol

  • Caroline Guignot
  • Résumé d’article
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À retenir

  • Selon l’étude française PEACH, le lévétiracetam pourrait être efficace pour prévenir l'apparition de crises épileptiques dans le décours d’une hémorragie intracérébrale, par rapport au placebo.

  • En revanche, l’apport de ce traitement initié dans les 48h suivant l’accident cérébrovasculaire (AVC) et maintenu durant 1 mois ne semble pas offrir de différence pronostique en termes de résultats fonctionnels à court et à long terme, ou en termes de qualité de vie. Le manque de puissance de l’étude compliquée par la pandémie de COVID-19 explique potentiellement cette observation, et doit donc inciter à reproduire l’étude auprès d’une cohorte de patients plus importante.

  • Il faut noter que l’objectif principal de réduction des convulsions impliquant les crises cliniques ou subcliniques, un monitoring par EEG a été conduit chez les patients : ce dernier montre l’importance du nombre de crises subcliniques et leur durée, et suggère que ce monitoring pourrait être plus systématiquement utilisé dans les premiers jours suivant le début de l’hémorragie pour mieux suivre les patients.

Pourquoi est-ce important ?

Les crises d’épilepsie aigues survenant dans les 7 jours suivant un AVC hémorragique surviennent chez 6 à 15% des patients, principalement dans les 72 premières heures. Cette complication pourrait atteindre 30% en comptant les crises subcliniques diagnostiquées uniquement par monitoring. Il n’existe cependant pas de recommandations sur le recours à des médicaments prophylactiques dans ces situations, étant donné la rareté des essais contrôlés randomisés dédiés à ce sujet. Aussi, des chercheurs français ont initié l’étude PEACH (Prevention of Epileptic seizures at the Acute phase of intraCerebral Haemorrhage), pour évaluer l’apport du lévétiracétam vs placebo lorsqu’il est initié dans les 48 heures suivant le début de l'hémorragie afin d’évaluer s’il permet de réduire le risque de crises cliniques ou subcliniques et leurs complications.

Méthodologie

L'étude PEACH est un essai contrôlé randomisé qui a recruté des patients âgés de 18 ans ou plus, présentaient une hémorragie intracérébrale supratentorielle spontanée et se présentant dans les 24 heures suivant l'apparition des symptômes à l’hôpital. Ils ont été randomisés entre l’initiation du levetiracetam dans les 48 heures suivant le début de l'hémorragie et conduit durant 1 mois et celle d’un placebo. L’inclusion a été initialement plus lente que prévue puis stoppée par la pandémie de COVID-19. Les données présentées ont concerné 50 patients.

Principaux résultats

Le suivi des patients à 12 mois a pu être analysé pour 19 patients sous léviracétam et 23 sujets sous placebo.

Au cours des 72 premières heures suivant l'inclusion, 16% des patients sous placebo ont eu une convulsion clinique et/ou EEG contre 43% de ceux sous placebo (OR ajusté 0,16 [[0,03-0,94 ; p=0,043]. De plus, le nombre moyen de crises durant un monitoring de 48 heures était significativement plus faible dans le groupe lévétiracétam que dans le groupe placebo et leur durée médiane plus courte (780 vs 67 secondes, p=0,0021).

La qualité de vie n'était pas différait pas entre les deux groupes que ce soit à 3, 6 ou 12 mois suivant l’AVC. Aucune différence en termes de dépression ou d'anxiété autodéclarées n'a été observée à un mois.

Enfin, des évènements indésirables sont survenus pendant le traitement chez 91% des patients sous lévétiracétam contre 100% de ceux sous placebo (principalement des céphalées, des douleurs et des chutes).