Intérêt du dosage pharmacologique de la rilpivirine

  • Caroline Guignot
  • Actualités Médicales
L'accès à l'intégralité du contenu de ce site est reservé uniquement aux professionnels de santé disposant d'un compte. L'accès à l'intégralité du contenu de ce site est reservé uniquement aux professionnels de santé disposant d'un compte.

Messages principaux

  • Le suivi clinique sur 36 mois d’une cohorte de patients VIH traités par association fixe rilpivirine/emtricitabine/tenofovir (RPV/FTC/TDF) montre qu’environ 1 patient sur 5 n’atteint pas les concentrations plasmatiques cibles, avec un risque potentiel de développer des mutations conférant une résistance spécifique à la RPV. Ces données suggèrent que le dosage sérologique pharmacologique est nécessaire en routine pour limiter l’émergence de résistance.

 

Les données disponibles concernant l’association fixe RPV/FTC/TDF sont principalement issues d’études cliniques randomisées dont les conclusions doivent être confrontées à celles issues de la clinique de routine. Deux services hospitaliers français (Bichat à Paris et La Timone à Marseille) ont analysé sur 3 ans les données de patients admis dans leur service entre novembre 2012 et novembre 2015 et ayant initié un traitement par l’association fixe : l’étude a compilé les données de 65 patients naïfs de traitement et de 314 sujets déjà traités (dont 86% présentant une charge virale indétectable), soit 379 patients (71% d’hommes, moyenne d’âge 44 ans), dont 351 étaient toujours suivis à 3 ans.

Au total, 20 des 55 sujets initialement naïfs de traitement et 71 des 296 sujets déjà traités ont arrêté le traitement au cours du suivi, majoritairement pour raison de toxicité (47%) d’ordre neuropsychiatrique, puis rénal. Le succès virologique était de 88,6% à 6 mois, et diminuait à 65,7% à 36 mois, soit respectivement 38,6% et 74,8% des patients ayant une charge virale indétectable à l’inclusion. Le suivi a permis d’identifier 19 patients (5%) ayant arrêté le traitement pour échec virologique à 3 ans. Ce taux d’échec est comparable à celui mis en évidence dans de précédentes études.

Au total, 18,7% des patients suivis présentaient une concentration suboptimale de RPV (<50 ng/mL) au cours du suivi, avec une plus grande variabilité interindividuelle de la concentration que celle observée dans les études pivots, ce qui était attendu du fait du polymorphisme lié au cytochrome P450. À 6 mois, la proportion de patients n’atteignant pas la concentration cible était de 28% parmi ceux qui présentaient une charge virale détectable, contre 11% chez ceux présentant une charge virale indétectable (p=0,004). La même observation était faite à 12 mois (31 vs 11%). Parmi les 19 sujets en échec virologique, près de la moitié a développé une mutation spécifique à la RPV. La majeure partie d’entre eux présentaient une concentration pharmacologique suboptimale.

Ainsi, cette étude montre que le suivi de la concentration plasmatique de RPV permet d’optimiser la réponse virologique et de limiter l'émergence de mutations.