Intérêt de la vitamine D3 en prévention secondaire du mélanome ?

  • Nathalie Barrès
  • Actualités Médicales
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À retenir

Une étude italienne s’est intéressée à l’impact d’une supplémentation en vitamine D3 (25-OHD, 100.000 UI tous les 50 jours) sur la récidive de mélanome chez des sujets ayant eu une résection. Les conclusions de celle-ci montrent que :

  • 8 sujets sur 10 auraient des taux faibles en vitamine D3, avec une tendance plus forte pour les patients qui avaient les tumeurs les plus importantes (non significatif).
  • À 12 mois, les sujets sous supplémentation qui avaient une tumeur dont l’épaisseur de Breslow était ≥3mm ont eu une plus faible augmentation de leurs taux sériques en vitamine D et un risque de récidive de mélanome plus important par rapport à  ceux qui avaient une tumeur moins épaisse.
  • La supplémentation en vitamine D pourrait jouer un rôle sur le pronostic des patients traités pour mélanome. Cependant d’autres études de plus large envergure sont encore nécessaires pour l’affirmer.

Pourquoi ces données sont-elles intéressantes ?

Le mélanome est un problème de santé publique majeur. Au cours des dernières décennies, son incidence a augmenté beaucoup plus rapidement que celles d’autres cancers. Les coups de soleil et l’exposition importante au soleil, de manière intermittente augmentent les risques de développer un mélanome, alors que l’exposition continue modérée au soleil serait associée à une diminution du risque de mélanome, potentiellement du fait de la synthèse cutanée en vitamine D. De plus en plus de données – avec des niveaux de preuve disparates - suggèrent que la vitamine D pourrait jouer un rôle important dans de nombreuses pathologies, notamment inflammatoires, immunitaires, cardiovasculaires et cancéreuses.

Méthodologie

Des patients atteints de mélanome de stade II récemment réséqué ont été randomisés pour recevoir soit 100.000 UI de vitamine D3 (25-hydroxy vitamine D, ou 25-OHD) tous les 50 jours, soit un placebo. Un suivi du risque de récidive de mélanome a ensuite été réalisé durant 60 mois. L’insuffisance en vitamine D a été définie par des taux sériques de 25-OHD compris entre 21 et 29 ng/mL et la carence par des taux <20 ng/mL.

Principaux résultats

Entre mai 2011 et janvier 2017, les données de 104 patients ont été analysées. L’âge médian des patients au moment du diagnostic était de 51 ans (43% de femmes). Le taux sérique médian de 25-OHD à l’inclusion était de 18 ng/mL [13-24]. Sur l’ensemble de la cohorte, 80% des sujets avaient des taux de 25-OHD insuffisants. Une proportion plus importante de patients avaient des taux faibles parmi les individus qui avaient les tumeurs les plus sévères (84% versus 77%, non significatif).

Une augmentation des taux de 25-OHD a été constatée dans les deux groupes sur 48 mois, avec un pic à 36 mois. Celle-ci était cependant bien plus importante dans le groupe traité par 25-OHD : respectivement 33,8, 41,9 et 31,2 ng/mL de 25-OHD à 12, 36 et 48 mois dans le groupe actif versus 19,4, 22,5 et 21,4 ng/mL dans le groupe placebo.

L’épaisseur de Breslow mesure en millimètre l’épaisseur de la tumeur primaire entre l’épiderme, la partie la plus externe de la peau, jusqu’à la partie la plus profonde du mélanome. À 36 mois, les patients qui avaient un faible score de Breslow (<3mm) ont eu des taux sériques de 25-OHD plus que doublés par rapport à l’inclusion, alors que ceux qui avait un score ≥3mm ont eu des augmentations de taux sériques de 25-OHD significativement plus faibles.

À 3 ans, aucune différence significative n’a pu être mise en évidence en termes de survie sans récidive entre les patients sous 25-OHD et les autres. En revanche, dès la première année, les patients qui avaient des taux importants en 25-OHD et/ou une épaisseur de Breslow faible avaient 74% de risque en moins de récidive de mélanome par rapport à ceux qui avaient un taux de 25-OHD faible et un score de Breslow ≥3mm. 

Après 12 mois, les sujets ayant un score Breslow≥3 mm et de faibles taux de 25-OHD avaient une espérance de vie significativement plus faible que ceux qui avaient un score Breslow <3mm et/ou des taux de 25-OHD élevés. Après analyse multivariée, l’association était confirmée avec un hasard ratio de 4,81 [1,44-16,09], p=0,011) pour les patients ayant un score de Breslow ≥3mm et un taux faible de vitamine D. Aucune interaction n’a été mise en évidence avec les taux de CRP-hs, LDH, ratio neutrophiles/lymphocytes.