Intérêt d’une prophylaxie par IPP, anti-A2 ou sucralfate chez les patients en situation de soins intensifs

  • Wang Y & al.
  • BMJ

  • Nathalie Barrès
  • Résumé d’article
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À retenir 

De nombreux patients en soins intensifs reçoivent des traitements par IPP (inhibiteurs de la pompe à protons), anti-H2 ou plus rarement par sucralfate en prévention des saignements gastro-intestinaux. Une méta-analyse vient de mettre en évidence qu’une prophylaxie par IPP ou anti-H2 n’impacterait pas plus la mortalité que l’absence de  prophylaxie. Les IPP et les anti-H2 réduiraient les saignements gastro-intestinaux cliniquement importants (niveau de preuve modéré à faible) par rapport à l’absence de prophylaxie ou à un placebo. Les données étaient moins probantes avec le sucralfate. L’effet des IPP et des anti-H2 serait assez comparable sur les saignements cliniquement importants chez ces patients. Enfin, le risque de pneumonie serait augmenté sous IPP et anti-H2.

Protocole de l’étude

Revue systématique de la littérature pour identifier les essais cliniques randomisés et contrôlés ayant comparé une prophylaxie des saignements gastro-intestinaux par IPP, sucralfate, anti-H2 et placebo chez des adultes en état critique, publiés jusqu’en mars 2019.

Principaux résultats

Au total, 72 essais (n=12.660 patients) ont été inclus dans les analyses. Les patients ont été regroupés en fonction de leur niveau de risque de saignement en quatre catégories (risque faible <2%, modéré 2-4%, élevé 4-8% et très élevé >8%).

Chez les patients à risque élevé ou très élevé, les IPP et les anti-H2 permettraient de réduire le risque de saignements gastro-intestinaux cliniquement importants respectivement de 39% et 54%, par rapport à un placebo ou à l’absence de prophylaxie (odds ratio(OR) 0,61 [0,42-0,89] et 0,43 [0,27-0,79]). En d’autres termes, par rapport au placebo, une prophylaxie par IPP permettrait de réduire le risque absolu de saignements chez 33 cas sur 1.000 pour les très hauts risques et 23 sur 1.000 pour les sujets à haut risque, et une prophylaxie par anti-H2 réduirait le risque de saignements gastro-intestinaux chez 46 sur 1.000 sujets à très haut risque et 31 sur 1.000 patients à haut risque. En revanche, pour les sujets ayant un risque de saignement gastro-intestinal plus faible, les bénéfices absolus d’une prophylaxie par IPP ou anti-H2 seraient moindres. Les données associées au sucralfate étaient moins robustes, et ne permettaient pas de tirer des conclusions. 

Les IPP et les anti-H2 augmenteraient le risque de pneumonie respectivement de 39% et 26% par rapport au placebo ou à l’absence de prophylaxie (40 essais, faible niveau de preuve pour les deux). Les infections à Clostridium difficileétaient trop peu nombreuses pour permettre des analyses de qualité. En revanche, aucun de ces traitements n’aurait d’impact sur la mortalité (51 essais, niveau de preuve modéré à faible).  

Principales limitations

Ces résultats issus d’une méta-analyse restent des comparaisons indirectes portant sur des essais comportant des hétérogénéités.