Insuffisance rénale aiguë chez les patients traités par anti-PD-1

  • Nathalie Barrès
  • Actualités Médicales
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À retenir

Les inhibiteurs de checkpoints immunitaires représentent une avancée importante dans la prise en charge des mélanomes avancés mais ne sont pas dépourvus d’évènements indésirables. Les analyses menées en vie réelle au sein d’une large population de patients souffrant de mélanome malin métastatique et traités par anti-PD1 montrent que l’incidence de l’insuffisance rénale aiguë dans ce contexte serait de 17%. La plupart des épisodes étaient non sévères et pré-rénaux, c’est-à-dire en lien avec une déshydratation induite par des diarrhées ou des vomissements.

Pourquoi est-ce important ?

Bien que la toxicité rénale sous anti-PD1 soit rare, l’incidence exacte de l’insuffisance rénale aiguë ainsi que son origine ne sont pas précisément connues. Il était utile de réaliser une étude de grande envergure et en vraie vie pour le savoir.

Méthodologie

Cette étude rétrospective monocentrique a été menée à partir des données de patients traités par nivolumab ou pembrolizumab entre janvier 2014 et février 2018 à l’Assistance Publique des Hôpitaux de Marseille. Tous les bilans réalisés à l’hôpital et en ville ont été analysés. L’insuffisance rénale aiguë était définie par l’augmentation de la créatininémie d’au moins 1,5 fois par rapport à la valeur basale pour l’individu concerné.  Les patients inclus devaient être adultes et atteints d’un mélanome (stade IV ou III non résécable). La cohorte initiale comprenait 343 sujets.

Principaux résultats

Les données exhaustives de 239 patients ont pu être analysées. Le suivi médian était de 352 jours depuis le premier jour du traitement jusqu’au dernier jour du suivi.

Les mesures systématiques des taux de créatine sérique ont mis en évidence que 17% des patients avaient présenté au moins un épisode d’insuffisance rénale aiguë (n=41). La majorité des épisodes étaient non sévères. Un seul a nécessité une dialyse. Parmi eux, 22% avaient déjà une maladie rénale chronique avant l’initiation de l’immunothérapie. Les patients ayant développé une insuffisance rénale aiguë étaient plus souvent traités par inhibiteurs du système rénine-angiotensine, avaient une insuffisance rénale chronique ou avaient reçu des doses cumulées d’anti-PD-1 supérieures aux autres patients.

La survenue d’une insuffisance rénale aiguë n’a pas affecté la survie de ces patients. Les analyses multivariées ont mis en évidence une diminution de la mortalité 39% en cas de surpoids (hasard ratio (HR) 0,61, p=0,015) et de 48% en cas d’obésité (HR 0,52, p=0,04).

Les patients traités concomitamment par inhibiteurs de la pompe à protons ou par corticoïdes avaient une augmentation de la mortalité respectivement de 82% et 59% (HR respectif 1,82, p=0,005 et 1,59, p=0,043).

Parmi les autres événements indésirables, les plus fréquents étaient les troubles cutanés retrouvés chez 32% des sujets, les troubles gastro-intestinaux chez 25,8% et les troubles endocriniens chez 12%.