Inhibiteurs de points de contrôle immunitaire : l’âge impacte-t-il l’efficacité et la toxicité ?
- Nathalie BARRÈS
- Résumé d’article
À retenir
- Une étude observationnelle rétrospective, monocentrique, menée sur un peu plus de 200 patients montre que les inhibiteurs de points de contrôle immunitaire (ICIs) ont une efficacité et une toxicité hématologique comparable chez les <80 ans et les ≥ 80 ans atteints d’un cancer avancé.
- En revanche, ces traitements sont associés à un taux de toxicité non-hématologique supérieur chez les plus de 80 ans.
Pourquoi est-ce important ?
Les ICIs ciblant le PD-1/PD-L1 administrés seuls ou en association avec une chimiothérapie ont drastiquement modifié la prise en charge de nombreux cancers solides, ainsi que le pronostic des patients. Bien que les sujets de 65 ans et plus constituent les deux tiers des personnes atteintes de cancer, ils sont encore très souvent exclus des essais cliniques.
Méthodologie
Cette étude de cohorte observationnelle rétrospective monocentrique a comparé l’efficacité des ICIs chez des patients atteints de cancer en fonction de leur âge (<80 ans ou ≥80 ans). Les patients ont été appariés sur le site de cancer (poumon vs autres) et sur leur participation ou non à un essai clinique.
Principaux résultats
Les analyses portent sur 210 patients inclus consécutivement et suivis durant une durée médiane de 28,4 mois. L’âge moyen était de 66,5 ans, dont 20% ≥80 ans, 75% d’hommes, 97% ECOG-PS ≤2, 78% des sujets avaient un score G8≤14/17, 80% un cancer du poumon (45%) ou du rein (35%) et 97% des patients étaient au stade métastatique. Les ICIs étaient principalement utilisés seuls (98,5%), et il s’agissait du nivolumab dans 81% des cas, du pembrolizumab dans 18% des cas, et de l’atezolizumab pour les 1% restants. La proportion de patients sous pembrolizumab et atezolizumab était plus importante chez les ≥80 ans.
Les patients les plus âgés étaient plus susceptibles d’être polymédiqués, d’avoir un indice de comorbidité de Charlson élevé et un taux de lymphocytes plus faible que les sujets <80 ans.
Durant les 3 premiers mois de traitement par ICIs, 68% des patients ont eu des évènements de toxicité ≥2.
Les taux de toxicité de grade ≥2 étaient similaires chez les individus ≥80 ans et <80 ans. En revanche, les patients les plus âgés (≥80 ans) avaient un taux de toxicité non hématologique de grade ≥2 significativement supérieurs aux plus jeunes (64% versus 45%), avec notamment 14% de rashs (vs 4%), 7,1% d’arthralgies (vs 0,6%), 7,1% de cytolyses (vs 1,2%), 2,4% d’hémorragies digestives, d’onycholyses, de mucites, de psoriasis (vs 0% à chaque fois) et 25% d’autres toxicités cutanées (vs 3%).
En analyses multivariées, le risque de toxicité non-hématologique ≥2 chez les patients ≥80 ans atteints d’un cancer était presque 7 fois plus important en cas de cancer du poumon (Odds ratio ajusté (Ora) 6,77 [1,75-26,2], p=0,005), triplé chez les hommes (Ora 3,02 [1,47-6,19], p=0,002) et chez ceux inclus dans des essais cliniques (Ora 3,09 [1,20-7,96], p=0,02).
La survie globale et sans progression était comparable dans les deux groupes.
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