Inhibiteurs de la pompe à protons et diabète : quel lien ?

  • Ciardullo S & al.
  • J Clin Endocrinol Metab

  • Nathalie Barrès
  • Résumé d’articles
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Plus de 100.000 sujets ont permis de mettre en évidence l’impact métabolique de l’utilisation des inhibiteurs de la pompe à proton (IPP) au-delà de 8 semaines.

À retenir

  • Un traitement régulier et prolongé par IPP est associé à une augmentation du risque de diabète de type 2 (DT2).
  • Le risque augmenterait de manière progressive avec la durée de la prise d’IPP.

Pourquoi est-ce important ?

L’augmentation de l’utilisation des IPP au cours des 3 dernières décennies a conduit à favoriser les mésusages et mis en exergue certains effets indésirables (risque de fractures, d’hypomagnésémie, de cancer gastrique, d’insuffisance rénale chronique, de démences, de diarrhées à Clostridium difficile). Ces données viennent compléter celles d’une autre étude récente1, tout en ayant l’intérêt de porter sur la population générale (et non sur une population de professionnels de santé), et apporte l’information que le risque de DT2 augmente avec la durée d’utilisation des IPP. Si les mécanismes sous-jacents ne sont pas encore élucidés, une récente étude a mis en évidence que les IPP pouvaient altérer la flore microbienne de l’œsophage distal, de l’estomac et des intestins2. L’inflammation, la résistance à l’insuline pourrait être l’un des mécanismes physiopathologiques en jeu.

Méthodologie

Une étude cas-témoins italienne a été réalisée à partir d’une importante cohorte issue de la population générale (sujets de 40 ans et plus de Lombardie – Italie – bénéficiaires du système d’assurance maladie). Les patients traités par IPP entre 2010 et 2015 ont été identifiés ainsi que ceux qui parmi eux ont développé un DT2. Ces derniers ont été ensuite appariés avec un nombre équivalent de sujets contrôles sélectionnés au sein de la cohorte en fonction de l’âge, du sexe et du statut clinique.

Principaux résultats

Sur les 1.9 millions de patients de plus de 40 ans de la cohorte ayant reçu des IPP entre 2010 et 2015, 777.420 répondaient aux critères d’inclusion de l’étude. Le suivi moyen par patient était de 6,2 ans. Au global, 50.540 nouveaux diagnostics de DT2 ont été réalisés, soit une incidence de 10,6 cas pour 1.000 personne-année. Environ 50% des individus étaient des hommes et l’âge moyen était de 66 ans. Les molécules les plus prescrites étaient le pantoprazole et l’oméprazole. Par rapport aux patients qui avaient été traités par des IPP durant moins de 8 semaines, le risque de DT2 était augmenté chez ceux dont la durée du traitement par IPP dépassait ces 8 semaines. Le risque de diabète était augmenté de 19% [15%-24%] pour une prise entre 8 semaines et 6 mois, 43% [38%-49%] entre 6 mois et 2 ans et 56% [49%-64%] au-delà de 2 ans. Ces associations ont été retrouvées même après ajustement.