Inhibiteurs de la pompe à protons chez les cirrhotiques : plus bénéfiques ou plus délétères ?

  • Mahmud N & al.
  • Gastroenterology

  • Nathalie Barrès
  • Résumé d’article
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Une large étude de cohorte nationale met en évidence plusieurs relations complexes liées à l’utilisation des inhibiteurs de la pompe à protons (IPP) chez les sujets atteints de cirrhose. 

À retenir

  • Les IPP auraient un effet bénéfique sur la mortalité toutes causes confondues chez les sujets atteints de cirrhose et ayant des antécédents d’hospitalisation pour saignements gastro-intestinaux. 
  • En revanche, les IPP auraient un effet délétère sur la mortalité chez tous les autres patients atteints de cirrhose, en augmentant les risques d’infection, de décompensation cirrhotique, et plus généralement à mortalité d’origine hépatique.

Quel intérêt pour votre pratique ?

Aucun consensus ou recommandation ne statut pour l’instant sur l’utilisation la plus adaptée des IPP chez les sujets atteints de cirrhose. Cependant, les résultats de cette étude soulignent que les IPP ne devraient pas être systématiquement évités chez ces patients par crainte des effets indésirables, même sileur prescription devrait être limitée aux indications validées (ulcère peptique) et à la plus faible dose efficace possible.

Méthodologie

Cette étude rétrospective a été menée chez des sujets issus de la base Veterans Health Administration et atteints de cirrhose. L’exposition aux IPP a été quantifiée à partir du diagnostic de cirrhose. Le modèle mathématique utilisé a été ajusté aux principales variables dans le temps, incluant les comorbidités cardiovasculaires, les saignements gastro-intestinaux et l’exposition aux statines.

Principaux résultats

Sur les 76.251 patients inclus, 23.628 (21%) étaient sous IPP à l’inclusion. Les patients sous IPP à l’inclusion étaient plus susceptibles d’être d’origine caucasienne (64% versus 60%), d’être atteints d’une pathologie cardiovasculaire ou métabolique, d’avoir un indice de masse corporelle plus élevée. 

L’oméprazole était l’IPP le plus prescrit (77%), suivi du pantoprazole (22%) et du lansoprazole (0,1%). La dose journalière la plus fréquente était de 20 mg d’équivalent oméprazole (63%). Cependant, 32% et 5% des individus étaient respectivement sous 40 mg et 80 mg d’équivalent oméprazole par jour. Le suivi médian de l’ensemble de la cohorte était de 49 mois.

L’exposition aux IPP (analyse binaire oui/non) était associée à une réduction significative de 12% du risque de mortalité toutes causes confondues chez les patients qui avaient été hospitalisés pour saignements gastro-intestinaux. En revanche, aucun effet protecteur sur la mortalité n’a été mis en évidence chez les autres patients.

La dose d’exposition cumulée aux IPP était associée à une augmentation significative de 7% de la mortalité pour 320 mg/mois d’équivalent oméprazole, chez les patients qui n’avaient pas d’antécédents d’hospitalisation pour saignements gastro-intestinaux.

L’exposition aux IPP était significativement associée à une augmentation de 21% du risque d’infections sévères et de 64% du risque de décompensation sur l’ensemble de la cohorte. Ces risques augmentaient avec la dose d’IPP.

Les chercheurs ont également montré que l’exposition aux IPP était associée à une augmentation significative de 23% de la mortalité liée à l’atteinte hépatique, mais à une diminution de 12% de la mortalité non hépatique.