Infertilité inexpliquée : comment les praticiens français la prennent-t-ils en charge ?
- Rolland L & al.
- J Gynecol Obstet Hum Reprod
- Nathalie Barrès
- Résumé d’article
À retenir
Une étude française s’est intéressée aux critères diagnostiques et à la prise en charge de l’infertilité inexpliquée en interrogeant des centres experts français. Les résultats de celle-ci soulignent une forte hétérogénéité dans les pratiques, indiquant notamment que :
- Plus de 30% des praticiens ne prescrivent jamais de test de dépistage d’infection à chlamydia trachomatis alors même que plus de 90% pratiquent une hysterosalpingographie,
- Presque 15% des répondeurs ont déclaré prescrire toujours ou souvent un test post-coïtal ou l’analyse du mucus cervical alors qu’il n’est plus recommandé par de nombreuses sociétés savantes.
Cette étude met en lumière la nécessité d’établir des recommandations sur le sujet afin d’accompagner les praticiens dans leur pratique.
Méthodologie
Un questionnaire comprenant 10 questions à choix multiples a été transmis via internet aux spécialistes de la fertilité exerçant dans 80 centres de fertilité.
Principaux résultats
Le taux de réponse au questionnaire était de 59,6% (n=195). Parmi eux, 82% étaient des femmes, 57,4% gynécologues-obstétriciens, 33,3% gynécologues médicaux, 8,2% endocrinologues et 1% biologistes. En moyenne, ils avaient presque 13 ans d’expérience professionnelle. Plus de la moitié des répondeurs travaillaient en hôpital universitaire et presque 3 sur 10 en centre privé.
Interrogés sur les tests qu’ils pratiquaient avant de conclure à une infertilité inexpliquée, tous ont répondu un spermogramme associé dans 78,1% des cas à un comptage des spermatozoïdes mobiles, 95,9% ont répondu l’échographie des follicules antraux, 92,8% l’hystérosalpingographie, 87,6% ont répondu le dosage de l’hormone anti-mullérienne (HAM). Un test post-coïtal était toujours ou souvent demandé par 14,8% des praticiens. Et 31,7% ne prescrivaient jamais un dépistage de Chlamydia trachomatis.
Presque un tiers (20,2%) des praticiens réalisait une IRM et 18,4% toujours ou souvent une laparoscopie.
Plus de la moitié des praticiens (51,8%) excluaient le diagnostic d’infertilité inexpliquée lorsque la femme avait plus de 38 ans, un peu plus d’un tiers (34,9%) lorsque la femme avait un IMC >30 kg/m2, 57% lorsque l’IMC dépassait 35 kg/m2, 43,1% lorsque la femme fumait plus de 10 cigarettes par jour.
La prise en charge différait en fonction de l’âge de la femme. En effet, entre 18 et 20 ans, 78% des praticiens attendaient au moins un an de rapports réguliers avant d’initier une procréation médicalement assistée (PMA). En revanche, 57% n’attendaient pas plus de 6 mois chez les femmes de 36 à 39 ans.
Pour 87,6% des praticiens, l’âge maternel avancé dont la médiane se situerait selon eux à 38 ans conduisait toujours ou souvent à une fécondation in vitro (FIV) en première intention. En effet, à partir de 39 ans, une FIV était réalisée systématiquement en première intention chez 78,5% des répondants. À partir de 28 ans, après un an d’infertilité non expliquée, 63,8% des répondeurs réalisaient toujours ou souvent une insémination intra-utérine (IUI). En dehors de l’âge, trois quarts des répondeurs estimaient qu’une période moyenne de 2,75 ans d’échec constituait une indication de FIV en première intention.
L’infertilité inexpliquée était toujours ou souvent exclue pour les trois quarts des praticiens (74,5%) si l’HAM était <1ng/mL (7,1 pmol/L). Une HAM faible était une indication de FIV en première intention pour 68,6% des praticiens.
Principales limitations
Plus de 50% des répondeurs exercent en hôpital universitaire, ce qui n’est pas représentatif des pratiques de l’ensemble de la profession.
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