Infections invasives à pneumocoques : évolution 2009-2021 des sérotypes

  • Caroline Guignot
  • Résumé d’article
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Les données de surveillance régulière issues des observatoires régionaux permettent de suivre l’évolution de leur répartition au gré des évolutions vaccinales.

À retenir

  • Au cours de la période d'étude, la proportion de PSDP isolés dans un contexte de méningite a augmenté tant chez les enfants que chez les adultes.
  • La distribution des sérotypes a été considérablement modifiée depuis l'introduction du vaccin pneumococcique conjugué (PCV13) en 2010 : la plupart des sérotypes inclus dans le PCV13 ont disparu en France depuis son introduction.
  • Selon les données des Observatoires Régionaux du Pneumocoque (ORP), 27,4% des IIP de 2021 seraient liées à un sérotype ciblé par le futur vaccin 15-valent (dont 22F et 33F), et 56,9% à une souche ciblée par le futur vaccin 20-valent (dont 8, 10A, 11A, 12F, 15B, 22F et 33F)

Pourquoi est-ce important ?

Les infections à Streptococcus pneumoniae sont fréquentes et principalement communautaires. En France, les infections invasives à pneumocoques (IIP) représentent la première cause de pneumonie et de méningite bactériennes communautaires chez l'adulte, avec une mortalité estimée entre 10 et 30%. Leur incidence est particulièrement élevée chez les nourrissons et les personnes de plus de 65 ans. Depuis l’introduction du premier vaccin conjugué antipneumococcique 7-valent (PCV7 : sérotypes 4, 6B, 9V, 14, 18C, 19F, 23F) de 2003, l’épidémiologie des sérotypes de pneumocoques évolue en France et conduit à celle de la valence des vaccins. Il était donc intéressant d’évaluer comment la résistance des pneumocoques aux antibiotiques et la répartition des différents sérotypes ont été modifiées depuis la mise à disposition du vaccin 13-valent (PCV13 : sérotypes du PCV7+ 1, 3, 5, 6A, 7F, 19A) et plus récemment l’existence d’une forme 23-valent (PCV-23) recommandée pour les sujets à risque spécifique.

Méthodologie

Cette étude a analysé les données de résistance et de sérotype des pneumocoques isolés dans les IIP en France entre 2009 et 2019 à partir de la surveillance effectuée par les Observatoires Régionaux du Pneumocoque (ORP) créés en 1995 (réseau de 418 établissements de santé et 323 laboratoires de biologie dans la métropole).

Principaux résultats

Au cours de la période d’analyse, 19.319 souches isolées d’IIP ont été analysées, dont 10,2% provenant d’enfants. Le nombre de souches collectées a diminué de manière significative chaque année, notamment chez les enfants (-67,8%).

La proportion de souches non sensibles à la pénicilline dans un contexte de méningite a augmenté chez les adultes comme chez les enfants d’environ 20 % (de 26,1% à 46,1% et de 29,2% à 51,4% respectivemenent). Concernant les souches issues d’hémocultures, ces chiffres ont également évolué significativement chez les enfants (de 23,7% à 43,1%), tandis que ceux des adultes ont très peu évolué (de 27,2% à 29,8%).

Celle des souches résistantes à l’amoxicilline a uniquement évolué de façon statistiquement significative concernant les prélèvements de LCR chez les enfants (de 13,2% à 29,7%).

Enfin la proportion de souches non sensibles au céfotaxime chez les patients adultes a augmenté de 6,1% à 16,5% à partir des isolats issus de LCR et de 7,2% à 11,4% pour ceux issus d'hémoculture.

Les sérotypes inclus dans le vaccin PCV13 ont largement diminué au cours de la période d’analyse, passant de 64,8 % à 23,6% entre 2009 et 2021.

Concernant les sérotypes connus comme étant émergents (sérotypes 8, 9N, 10A, 11A, 15A, 15B/C 23B, 24F et 33F), seuls le sérotype 11A était associé à une diminution significative de la sensibilité à l’amoxicilline ou ou céfotaxime.