Infections intra-abdominales en USI : faut-il cibler d’emblée les entérocoques ?

  • Labaste F et al.
  • Eur J Clin Microbiol Infect Dis.

  • Agnès Lara
  • Actualités Médicales
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À retenir

  • Chez les patients admis en unités de soins intensifs (USI) avec une péritonite sévère impliquant des entérocoques, un traitement initial empirique non actif d’emblée sur les souches identifiées dans les prélèvements péritonéaux est associé à une mortalité accrue à 30 jours.
  • Celle-ci varie en fonction de l’espèce d’Enterococcus identifiée et elle paraît plus importante en présence de souches autres qu’E. faecalis.
  • Ces résultats doivent inciter à l’usage d’une antibiothérapie initiale active sur les entérocoques autres que E. faecalis en cas d’infection sévère, post-opératoire, ou acquise au sein de l’USI, surtout si des céphalosporines de 3génération ont été utilisées au cours des 3 mois précédant l’infection.

 

Les infections intra-abdominales (IIA) représentent la seconde cause la plus fréquente d’infection dans les USI et évoluent vers un choc septique chez 4 patients sur 10. Un entérocoque est présent dans 40% des cas d’IIA nosocomiales et peut aggraver le pronostic (réponse pro-inflammatoire, choc, etc.). Mais l’impact de ces bactéries sur la mortalité reste discuté, et l’utilité d’un traitement antibiotique empirique, actif d’emblée sur ces souches, n’a pas été mesurée, laissant la porte ouverte à des recommandations discordantes à ce sujet. 

Une équipe des Hospices civils de Lyon a donc réalisé une analyse rétrospective de tous les patients admis en USI avec une IIA, à partir de la base de données françaises OutcomeRea de 1997 et 2016. Parmi les patients souffrant d’IIA, 76 (8%, 72 ans d’âge moyen, 89,5% d’infection d’origine nosocomiale) ont été inclus avec une péritonite sévère impliquant des entérocoques et leur mortalité à 30 jours observée. Celle-ci s’est montrée significativement plus importante dans le groupe qui avait reçu un traitement antibiotique empirique initial inadapté contre les espèces d’entérocoques identifiées par la suite (non utilisation de vancomycine notamment). Les espèces d’Enterococcus autres que E. faecalis (E. faecium le plus souvent) étaient plus fréquemment retrouvées en cas d’utilisation d’une céphalosporine de troisième génération au cours des 3 mois précédents ou bien de péritonite acquise au sein de l’USI. Ces souches étaient associées à une mortalité à 30 jours accrue par rapport à celle retrouvée avec des souches de E. faecalis seules (HR 3,5 [1,2-10,1], p=0,02). L’effet semblait plus marqué lorsque l’antibiothérapie initiale n’était pas active contre les espèces d’entérocoque identifiées. Cette dernière observation n’a toutefois pas été retrouvée en analyse multivariée.