Infections chroniques et cancers : prévenir l’épuisement fonctionnel des lymphocytes T

  • Serge Cannasse
  • Actualités Médicales
L'accès à l'intégralité du contenu de ce site est reservé uniquement aux professionnels de santé disposant d'un compte. L'accès à l'intégralité du contenu de ce site est reservé uniquement aux professionnels de santé disposant d'un compte.

Les infections chroniques et les cancers induisent un épuisement fonctionnel progressif des lymphocytes T, qui deviennent incapables de tuer les cellules-cibles et d’acquérir une mémoire pour stimuler une réponse immunitaire en cas de réinfection ou de rechute de cancer. Une étude publiée dans la revue Nature Immunology par l’équipe du Professeur Pierre Tonnerre (Inserm - Institut national de la santé et de la recherche médicale – Université de Paris), en collaboration avec des équipes de l’université américaine Harvard, apporte des informations précieuses sur cet épuisement.

Elle a été menée chez 20 patients infectés de longue date par le virus de l’hépatite C et traités par des antiviraux d’action directe (AAD) pendant 12 semaines. Pour mémoire, les AAD sont susceptibles d’entraîner une guérison complète de cette pathologie.

À la suite du traitement ayant abouti à cette guérison, les lymphocytes T de ces patients ont semblé acquérir les caractères de lymphocytes T mémoire normaux. Cependant, les paramètres corrélés à leur efficacité sont restés dysfonctionnels. L’expression de certains gènes est restée altérée, comme si il restait une « cicatrice » de l’infection. 

Pierre Tonnerre explique que « plus la stimulation des lymphocytes T par les protéines virales a été longue, plus profonde est cette cicatrice. Nos travaux suggèrent donc qu’une intervention thérapeutique précoce pourrait permettre de mieux conserver la fonctionnalité des lymphocytes T et de lutter contre leur épuisement. Passé un certain délai, les anomalies génétiques s’installent dans la durée, et les lymphocytes T ne sont plus en mesure de récupérer et d’assurer correctement leurs fonctions. » 

La prochaine étape des travaux est donc de vérifier si le traitement des patients atteints d’hépatite C au moment de la phase aiguë de l’infection, c’est-à-dire tôt dans le développement de celle-ci, permet de faire récupérer une meilleure fonctionnalité aux lymphocytes T. « À plus long terme, on peut imaginer tester et développer de nouvelles thérapies qui vont cibler les régions de gènes altérées des lymphocytes T et qui pourraient avoir un bénéfice dans le traitement des infections chroniques et des cancers en aidant ces cellules à retrouver leurs fonctions, » ajoute Pierre Tonnerre.