Infection congénitale à cytomégalovirus : quels sont les facteurs de risque de surdité ?

  • Caroline Guignot
  • Résumé d’article
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À retenir

  • Une étude ayant rassemblé plus d’un millier de nouveau-nés atteints d'une infection symptomatique à cytomégalovirus (CMV) décrit trois facteurs de risque de perte d’audition liée à l’infection congénitale : pétéchies, kystes périventriculaires à l’imagerie et séroconversion maternelle au cours du premier trimestre de grossesse. 

  • Chez les sujets ayant une perte d’audition isolée, sans autres séquelles post-infectieuses, seule la séroconversion maternelle au premier trimestre constituait un facteur de risque indépendant.

  • Plus le nombre de ces facteurs de risque était élevé à la naissance, plus le risque de perte d’audition congénitale était important.

Pourquoi est-ce important ?

L'infection congénitale à CMV peut être asymptomatique ou engendrer un large éventail de symptômes ou de séquelles, notamment, la perte auditive. On sait que la plupart des séquelles neurodéveloppementales associées sont surtout liées à une séroconversion de la mère au cours du premier trimestre de grossesse. Même dans ce cadre, les caractéristiques de la déficience auditive peuvent être variables en termes de délai d’apparition, de latéralité ou de sévérité de l’atteinte. De nombreuses études, souvent conduites auprès de petits effectifs, ont été menées pour identifier les nouveau-nés les plus à risque de surdité, mais leurs résultats restent fragiles. Cette étude, menée sur un large échantillon, apporte des données plus robustes sur le sujet.

Méthodologie

Cette étude transversale multicentrique a été conduite à partir des données d'un registre prospectif constitué sur la base de la file active de plusieurs hôpitaux belges. Les données des nouveau-nés atteints d’une infection congénitale à CMV entre janvier 2007 et février 2022 ont été compilées et ont été subdivisées en 4 catégories : infections symptomatiques avec atteintes cliniques, neurologiques ou biologiques mais sans perte auditive associée ; infections symptomatiques avec atteintes cliniques, neurologiques ou biologiques et perte auditive associée ; infections symptomatiques avec perte auditive isolée, et infections asymptomatiques.

Principaux résultats

Au total, 1.033 nouveau-nés ont été inclus dans l'analyse (54,0% de garçons) pour lesquels une infection à CMV, symptomatique dans 59,7% des cas, a été diagnostiquée entre 1 jour et 59 mois après la naissance. Le taux de perte d’audition était de 16,8%, 2,1% et 1,0% pour les enfants nés de mères ayant eu leur séroconversion au premier, deuxième ou troisième trimestre. Le risque de surdité congénitale était plus élevé après une séroconversion au premier trimestre par rapport au deux autres groupes (Odds Ratio (OR), 29,8 [3,9-225,5]).

Parmi les enfants symptomatiques, le fait d’avoir eu des pétéchies à la naissance, de présenter des kystes périventriculaires à l'IRM ou d’avoir eu une séroconversion au cours du premier trimestre étaient respectivement associés à un OR de 6,7 [1,9-23,9], 4,6 [1,5-14,1], et 3,1 [1,1-9,3] après ajustement.

Parmi les enfants asymptomatiques, seule la séroconversion au cours du premier trimestre a été associée au risque de surdité (ORa 29,8 [3,9-225,5]).

La charge virale médiane était nettement inférieure chez les enfants sans surdité congénitale par rapport à ceux présentant une perte auditive.