Inégalités sociales associées au pronostic des ulcères de pied diabétiques
- Bonnet JB & al.
- Diabet Med
- Caroline Guignot
- Résumé d’article
À retenir
- Les bassins de vie dans lesquels le taux d'amputation pour ulcère de pied diabétique est le plus élevé sont ceux qui sont les plus défavorisés et les moins peuplés, selon une étude menée à partir des données SNDS (Système National de Données de Santé) du territoire Languedoc-Roussillon.
- Ce taux était aussi plus important dans les bassins où l’accès aux infirmières était réduit, sans que l’accessibilité aux médecins généralistes ne soit déterminante. Les cartes de complications et de mortalité post-ulcère n’étaient pas superposables.
- Aussi, la réduction de l'isolement géographique et le renforcement des liens entre bassins de vie périphériques et bassins urbains pourraient constituer des outils d’amélioration de ce bilan.
Pourquoi est-ce important ?
Le pronostic de l’ulcère du pied diabétique en fonction du niveau socio-économique a été étudié par différentes équipes sur le plan international, mais toutes ne concluent pas aux mêmes résultats. Des études nationales ont été menées en France il y a plusieurs années, qui indiquent que l'incidence et les complications (amputation, décès) sont influencées par le niveau de précarité, mais aucune donnée récente fondée sur une analyse cartographique des ressources professionnelles à partir des données du SNDS n’est disponible.
Méthodologie
L’étude a été menée à partir des données du SNDS, en incluant toutes les personnes ayant un diabète et une complication d'ulcère de pied diabétique. Les complications considérées étaient les hospitalisations pour ulcère et le remboursement d’un pansement pendant au moins 28 jours. La mortalité toutes causes à 1 an était également analysée.
Principaux résultats
Parmi 197.832 personnes diabétiques identifiés sur la période d’analyse, les auteurs ont recensé 32.923 cas d'ulcère de pied diabétique, dont 7.204 ont nécessité une hospitalisation. Parmi eux, 15.507 (âge moyen 70 ans, 55% d’hommes) avaient un ulcère de pied diabétique non récidivant.
Le nombre d’amputation durant la première année de suivi post-hospitalisation était de 253, soit une moyenne de 17,5 amputations/1.000 personnes-années. Parallèlement, le taux de décès était de 117/1.000 personnes-années.
Seules les zones les moins défavorisées avaient un meilleur pronostic sur le plan de l'amputation que les autres (quartile 4 vs. quartile 1 RR=0,46 [0,27-0,66]). L'accessibilité à une infirmière sur le bassin de vie était associée à un meilleur pronostic, tandis que, contrairement à d’autres études, celle au médecin généraliste ne montrait aucune différence.
Selon les cartes créées en fonction de la densité des prestataires de soins de santé, les bassins de vie ruraux en périphérie de zone administrative sont ceux dont les taux d'amputation sont les plus élevés. En revanche, la carte de mortalité n’était pas totalement superposable, et aucune relation n'a pu être identifiée en fonction de la densité de professionnels ou de niveau socioéconomique.
À noter que le rapport entre les taux d'amputation et de décès et le nombre de médecins généralistes ou d'infirmières était plus faible dans les principales villes de Languedoc-Roussillon.
Il n’y avait pas de corrélation spécifique entre taux d’ulcère et pronostic, comme l’illustre bien le territoire de Lozère encadrant Mende et dans lequel le taux de personnes isolées est élevé, favorisant le renoncement aux soins et par conséquent les complications.
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