Incidence du cancer colorectal en Europe : le dépistage est-il vraiment au cœur du succès ?

  • Nathalie Barrès
  • Actualités Médicales
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À retenir

Une étude s’est intéressée à l’évolution dans le temps de l’incidence du cancer colorectal en fonction de la mise en œuvre de programmes nationaux de dépistage et de la participation des individus concernés au sein de 21 pays européens. Les résultats de cette étude suggèrent que les différences d’incidence standardisée sur l’âge constatées entre plusieurs pays européens seraient largement expliquées par l’ancienneté de la mise en place du dépistage, le public ciblé et l’adhésion à ces programmes. 

Méthodologie

Au global, les données de 3,1 millions de patients européens ayant reçu un diagnostic de cancer colorectal entre 2000 et 2016 ont été analysées pour en tirer des tendances en termes d’évolution de l’incidence de ce cancer. La base de données de mortalité de l’OMS liée à ce cancer a également été utilisée pour 16 de ces pays. Le taux d’incidence standardisée sur l’âge a été calculé pour tous les sites côlon et rectum combinés, ainsi que pour les sous-types de cancer du côlon proximal, distal et du rectum.

Principaux résultats

Les résultats mettent en évidence une diminution de l’incidence standardisée sur l’âge du cancer colorectal entre 2000 et 2016 variant de 1,6% à 2,5% chez l’homme et de 1,3% à 2,4% chez la femme selon les nations, dans les pays où un programme de dépistage par coloscopie et analyse des selles a été mis en place depuis de nombreuses années. Cela concerne l’Allemagne (pourcentage de la population éligible ayant eu un test fécal dans les deux dernières années ou une coloscopie dans les 10 dernières années : 70,9%), l’Autriche (68,8%) et la République tchèque (53,5%).

Dans les pays où un programme de dépistage a été mis en place durant la période de l’étude, l’incidence standardisée sur l’âge du cancer colorectal est restée stable ou a augmenté (variation moyenne annuelle de l’incidence entre -0,2% et +1,5% chez l’homme et entre -0,5% et +1,2% chez la femme).

Dans les pays où un programme national de dépistage a été mis en place plus récemment, l’incidence standardisée sur l’âge est restée stable ou a légèrement augmenté jusqu’à ce que l’adhésion au programme de dépistage soit suffisante. La Belgique, le Danemark, l’Irlande, la Lituanie, les Pays-Bas et la Slovénie font partie de ces pays.

Dans tous les pays où aucun programme de dépistage n’a été mis en place, hormis la Suède, l’incidence a continué d’augmenter (+0,3% à +1,9% chez l’homme et +0,6% à +1,1% chez la femme).

L’incidence a également continué à augmenter dans la majorité des pays n’ayant pas mis en place de programme de dépistage à grande échelle (ex. Bulgarie, Estonie, Norvège, Ukraine).

Différentes tendances d’incidence du cancer colorectal, mais également de mortalité et de distribution des stades de ce cancer ont été constatées à travers les différents pays européens. Les auteurs attribuent ces variations aux niveaux de mise en œuvre du dépistage du cancer colorectal et à son taux d’adhésion par le public cible des différents pays concernés.

Quid de la France ?

Les données concernant la France n’ont pas pu être intégrées dans les principaux résultats de cette étude, car elles n’ont été recueillies que pour certains départements. 

Pour rappel, le dépistage organisé du cancer colorectal a été mis en place en 2002 dans 23 départements pilotes et n’a été généralisé à l’ensemble du territoire qu’en 2008. Le dépistage consiste à détecter du sang occulte dans les selles tous les deux ans chez les personnes âgées de 50 à 74 ans à risque moyen et une coloscopie complète est réalisée en cas de test positif. Le dépistage initialement fondé sur le test au gaïac (Hémoccult®II), a été remplacé en 2014 par un test immunologique (OC-Sensor®). Santé publique France rappelle que « Près de 29% de la population a réalisé un test de dépistage du cancer colorectal en 2019-2020, un chiffre en baisse constante depuis plusieurs année ».1