Incidence de l’exposition aux antiépileptiques in utero sur la santé mentale
- Agnès Lara
- Résumé d’article
À retenir
- Cette large étude de cohorte en population a évalué l’association entre exposition à un ou plusieurs antiépileptiques in utero et la survenue de troubles psychiatriques dans l’enfance ou l’adolescence.
- Les résultats appellent à renforcer la vigilance vis-à-vis du valproate qui ne doit pas être utilisé durant la grossesse.
- Ils confirment une association entre exposition au topiramate et troubles de déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH), retard intellectuel et troubles du spectre de l’autisme et révèlent une probable association de l’exposition au lévétiracétam avec l’anxiété et les TDAH.
- Les résultats concernant la lamotrigine, la carbamazépine et l’oxycarbazépine restent rassurants.
Pourquoi est-ce important ?
Les risques d’anomalies congénitales et neurodéveloppementales associés à l’exposition aux antiépileptiques in utero ont été largement décrits, en particulier pour le valproate. En revanche, le lien avec de possibles troubles psychiatriques a encore été peu exploré. Il paraissait donc important de comparer les différents antiépileptiques au regard de ce risque. Cette étude de cohorte nordique menée auprès de plus de 38.000 enfants de mères épileptiques a interrogé l’existence d’une association entre exposition à différents antiépileptiques au cours de la grossesse et survenue de troubles psychiatriques au cours de l’enfance et de l’adolescence.
Méthodologie
Cette étude prospective menée à partir de registres de population a suivi 38.661 enfants nés vivants d’une grossesse monofœtale de mères épileptiques au Danemark, en Finlande, en Islande, en Norvège et en Suède, entre janvier 1996 et décembre 2017. Le critère principal d’évaluation était l’existence d’un diagnostic de troubles psychiatriques (tous troubles confondus) ou neurodéveloppementaux durant l’enfance ou l’adolescence selon la classification internationale des maladies (ICD-10F).
Principaux résultats
Sur les 38.661 enfants identifiés par les registres (51,3% de garçons) avec un suivi pouvant aller jusqu’à 22 ans, 16.458 avaient été exposés à des antiépileptiques in utero.
L’exposition prénatale au valproate en monothérapie était associée à un risque presque multiplié par 2 de troubles psychiatriques (Hazard ratio (HR) : 1,8 [1,60-2,03]), par rapport à une absence d’exposition à cette molécule, notamment de retard du développement (langage, apprentissage, fonctions motrices), de TDAH, de troubles du spectre autistique et de retard intellectuel. Et à 18 ans, les enfants concernés avaient un risque de troubles psychiatriques supérieur à 40%.
En dehors du valproate, aucun des autres antiépileptiques utilisés en monothérapie n’était associé à un surcroît de risque de troubles psychiatriques. Cependant, les polythérapies montraient un risque accru, plus important lorsqu’elles incluaient du valproate (HR 1,85 [1,56-2,18]) que lorsqu’elles n’en contenaient pas (HR 1,32 [1,15-1,51]).
Les enfants qui avaient été exposés au valproate in utero avaient un risque plus élevé de développer des troubles précoces : retard intellectuel, troubles du spectre de l’autisme, troubles du développement, de l’attachement et TDAH. Mais il n’y avait pas d’association avec la survenue de troubles plus tardifs comme l’anxiété, les troubles de l’humeur, l’abus de substances, ou encore les troubles du spectre de la schizophrénie.
Si l’exposition prénatale à la lamotrigine, à la carbamazépine et à l’oxycarbazépine n’était pas associée à un risque accru de troubles psychiatriques quels qu’ils soient, celle au lévétiracétam était associée à des niveaux d’anxiété plus élevés (HR 2,17 [1,26-3,72]) et au TDAH (HR 1,78 [1,03-3,07]). L’exposition au topiramate était également associée à un risque accru de TDAH (HR 2,38 [1,40-4,06]), de retard intellectuel (HR 2,23 [0,90-5,50]) et de troubles du spectre de l’autisme (HR 1,93 [1,95-3,94]).
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