Incendies en Australie, nouvelle menace de santé

  • Yu P & al.
  • Lancet Planet Health

  • Agnès Lara
  • Résumé d’article
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À retenir

  • C’est un cri d’alerte que des chercheurs australiens lancent dans The Lancet Planet Health.
  • L’exposition chronique aux particules fines PM10 et PM2,5 des populations australiennes depuis 3 mois va nécessairement augmenter la mortalité, les passages aux urgences, ainsi que les pathologies cardiovasculaires, respiratoires, les troubles psychologiques et les issues défavorables de grossesse.
  • Ils appellent à un engagement plus rapide de l’Australie dans des actions en faveur du climat sous peine de voir augmenter de façon drastique le coût matériel et humain dans les années à venir.

 

La saison des feux s’est montrée particulièrement dévastatrice en Australie cette année. Les incendies d’une ampleur inégalée ont concerné tous les États de ce continent depuis le mois d’octobre 2019, obligeant le Queensland et la Nouvelle-Galles du Sud à déclarer l’état d’urgence. Plus de 100.000 km2 de brousse ont brûlé, soit une surface correspondant deux fois la superficie de la Suisse. En cause, le réchauffement climatique bien sûr, avec une réduction drastique des précipitations cette année et des vagues de chaleur ayant atteint des températures extrêmes. Rappelons que l’Australie a vu grimper sa température moyenne d’un degré depuis 1910. Des chercheurs de l’Unité climat et qualité de l’air de l’Université de Melbourne dressent un constat inquiétant.

Quel impact des incendies sur la santé des populations ?

Les conséquences sur la santé des populations sont encore incomplètement évaluées, mais l’évolution des taux de particules fines PM10 et PM2,5 est bien documentée. Par exemple, les concentrations moyennes en PM2,5 ont dépassé les 100 µg/m3 en décembre dernier, une concentration 4 fois supérieure au seuil recommandé par l’OMS et 5 fois supérieure à celui d’avant les incendies. Les chercheurs ont calculé qu’une telle augmentation des particules fines est susceptible d’accroître la mortalité toutes causes de 5,6%, la mortalité cardiovasculaire de 4,5% et la mortalité respiratoire de 6,1%, sans compter l’augmentation du nombre de passages aux urgences pour des difficultés respiratoires associées à différentes pathologies telles que l’asthme, la BPCO, ou encore les infections respiratoires. Les autorités de santé s’attendent aussi à ce que les pathologies cardiovasculaires, les troubles psychologiques et les issues défavorables de grossesse soient plus nombreux.

Comment réduire l’exposition des populations ?

L’effet d’une exposition à long terme des populations, et sur les groupes les plus vulnérables, est encore mal défini. Il est possible que l’effet des PM10 provenant des incendies soit différent de celui des particules issues de la circulation automobile. Des études devront se pencher sur la question. Difficile, hélas, de réduire l’exposition des populations. Le port de masques et le confinement au domicile sont recommandés. Cependant l’efficacité de filtration des masques est très variable, selon la capacité du filtre, les caractéristiques du porteur (barbe, durée du port) et peut s’avérer très inconfortable lorsque les températures augmentent en proximité des foyers. De plus certaines populations plus fragiles (enfants, femmes enceintes, personnes âgées, etc.) peuvent éprouver des difficultés à le conserver. Quant au confinement, son efficacité est dépendante de la qualité et des équipements des habitations (ventilation, systèmes de filtration d’air, etc.). En pratique, les concentrations de particules fines sont très voisines à l’extérieur et à l’intérieur. Les chercheurs appellent à un engagement gouvernemental plus rapide en faveur du climat, afin d’éviter des conséquences désastreuses, tant sur les populations australiennes que sur l’ensemble de l’humanité.