Importance de la metformine dans le cancer colorectal chez le diabétique

  • Nathalie Barrès
  • Actualités Médicales
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À retenir

Une étude de large envergure ayant évalué l’impact du diabète et d’un traitement par metformine chez des sujets atteints de cancer colorectal (CCR) de stade II-III non métastatique, montre :

  • une diminution de l’espérance de vie et du délai avant récidive du cancer en cas de diabète,
  • une espérance de vie et un délai avant récidive de cancer similaires chez les sujets diabétiques traités par metformine et ceux non diabétiques.

Ces données d’intérêt appellent à la réalisation d’autres essais pour mieux comprendre le rôle du diabète dans la promotion du cancer.

Pourquoi est-ce important ?

Ces résultats suggèrent une association entre diabète et récidive du cancer. Les mécanismes sous-jacents pourraient impliquer l’hyperglycémie persistante, l’inflammation chronique facteurs favorisant la production des analogues de l’insuline et la stimulation de voies de l’oncogenèse. D’autres essais ont par ailleurs souligné dans une population bien spécifique que la metformine pouvait améliorer l’efficacité du 5FU et de l’oxaliplatine. Toutes ces données ouvrent des perspectives de recherche pour mieux comprendre l’intérêt de la metformine dans le cancer.

Méthodologie

Les analyses ont porté sur des données individuelles poolées, issues de trois essais cliniques adjuvants randomisés. Tous les patients inclus avaient eu une résection colique suite à un cancer colorectal de stade II ou III non métastatique. 

Principaux résultats

Au total, 5.922 patients atteints de CCR de stade II-III, non métastatique, traités chirurgicalement et par thérapie adjuvante à base de fluoropyrimidine et oxaliplatine, ont été inclus dans les analyses. Le délai médian de suivi était de 6,8 ans. Sur l’ensemble de la population, 10,5% avaient des antécédents de diabète de type II au moment du diagnostic de le CCR non métastatique. Parmi les patients diabétiques, 52,7% des sujets diabétiques étaient traités par metformine.

Les patients diabétiques présentaient une fréquence significativement plus élevée des caractéristiques suivantes : âge plus élevé, plus d’hommes, Performance status >0, IMC élevé, arrêt de traitement, maladie cardiovasculaire, hypertension.

La survie globale des patients diabétiques était significativement plus courte par rapport aux sujets non diabétiques : HRa 1,29 [1,09-1,52], p=0,03. Le délai avant récidive était également significativement impacté à la baisse en cas de diabète : hazard ratio ajusté (HRa) 1,21 [1,03-1,42], p=0,017.

La survie globale et le délai avant récidive étaient significativement plus courts chez les patients diabétiques non traités par metformine versus les sujets non diabétiques : HRa 1,41 [1,13-1,77], p=0,003, et HRa 1,28 [1,02-1,60], p=0,032, respectivement.

En revanche, la survie globale et le délai avant récidive n’étaient pas impactés par le diabète du moment que le patient était traité par metformine.

Principales limitations

Les sujets diabétiques non traités par metformine pouvaient être pris en charge par d’autres traitements du diabète, notamment du fait d’une insuffisance rénale ou hépatique. Or, ces situations cliniques peuvent elles-mêmes engendrer un pronostic vital plus défavorable. Cette étude manque cependant d’information concernant le statut diabétique et les autres traitements du diabète.