Il n’est jamais trop tard pour vacciner une personne âgée
- Serge Cannasse
- Actualités professionnelles
En France, comme dans la plupart des pays développés, les taux de couverture vaccinale sont nettement insuffisants chez les sujets de plus de 65 ans, en particulier contre 5 maladies infectieuses sévères dans cette tranche d’âge (Covid-19, grippe, zona, pneumococcies, infections à virus respiratoire syncitial). Pourtant, déplore l’Académie nationale de médecine, « la vaccination des personnes âgées ne figure pas parmi les objectifs prioritaires de santé publique, les recommandations sont souvent ignorées du grand public et insuffisamment appliquées en médecine générale », alors que ces personnes ont un niveau de confiance élevé à l’égard de leurs médecins traitants. L’insuffisance des couvertures vaccinales se traduit par une détérioration de l’état de santé des seniors, de nombreux décès qui auraient pu être évités et par un fardeau économique majeur. C’est pourquoi, selon l’Académie, la vaccination des personnes âgées devrait être une priorité de santé publique.
À l’issue d’un état des lieux minutieux, les auteurs du rapport qui lui a été consacré font plusieurs remarques assorties de recommandations.
- La vaccination doit être reconnue comme un des principaux déterminants du vieillissement en bonne santé. Elle permet notamment d’éviter le déclin fonctionnel post-infectieux qui est une cause importante d’invalidité chez les personnes âgées.
- Elle ne doit pas être limitée à certaines tranches d’âge mais se poursuivre tout au long de la vie.
- Les maladies infectieuses pouvant être plus graves chez les seniors, il convient de les éviter le plus possible, notamment grâce à la vaccination. De plus, la vaccination peut contribuer à la création d’une immunité de groupe et à la lutte contre l’antibiorésistance en diminuant le recours aux antibiotiques.
- L’immunosénescence et les comorbidités ne sont pas des obstacles aux vaccins proposés aux sujets âgés. La plupart sont efficaces et très bien tolérés, même après 85 ans. Leur rapport bénéfice/risque est plus élevé chez les patients les plus fragiles. Plusieurs formulations de vaccins ont été homologués pour renforcer les réponses immunitaires chez les personnes âgées : vaccin plus fortement dosé contre la grippe (Efluelda®), vaccin adjuvanté contre le zona (Shingrix®, non disponible en France pour le moment), vaccin conjugué adjuvanté étendu à 20 valences contre le pneumocoque (Apexxnar® – autorisé dans l'Union européenne, mais non disponible en France), vaccin nanoparticulaire contre la Covid-19 (non disponible en France – remplacement attendu en novembre 2023).
- Les campagnes de sensibilisation à la vaccination contre la grippe et la Covid-19 doivent être étendues à d’autres infections et certaines ciblées sur les personnes victimes d’affections spécifiques de longue durée (insuffisance cardiaque, BPCO, diabète, polypathologie invalidante notamment).
- Il faut développer les équipes mobiles de vaccination, notamment à la rencontre des personnes isolées (l’isolement est un facteur de non-vaccination plus important que vivre dans une zone défavorisée, avoir de faibles revenus ou un niveau médiocre de littératie en santé).
- Le rôle pivot du médecin traitant doit être renforcé et valorisé et le partage d’informations avec les autres professionnels de santé encouragé.
- Il faut renforcer la couverture vaccinale des personnels de santé et aides à domicile qui travaillent au contact des personnes âgées, notamment pour les vaccinations contre la grippe et contre la rougeole. L’Académie se prononce une nouvelle fois pour l’obligation vaccinale de ces professionnels et regrette que la Haute Autorité de Santé se soit contentée d’une « forte recommandation » pour ces deux vaccinations.
- Si l’accès au numérique peut favoriser l’hésitation vaccinale en exposant les patients à de fausses informations, il constitue aussi un bon moyen pour améliorer la couverture vaccinale, comme le montre l’initiative « mesvaccins.net ». Au carnet de vaccination numérisé, ce site internet associe une expertise vaccinale actualisée, une nomenclature unifiée internationale des vaccins (NUVA) et un système d’aide à la décision vaccinale (SADV). Celui-ci émet des recommandations vaccinales personnalisées et justifiées pour aider les patients et les professionnels de santé et réduit les discordances entre les différents acteurs du parcours vaccinal.
En conclusion, « il ne faut jamais penser qu’il est trop tard pour vacciner une personne âgée ».
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