Hypogonadisme : une complication méconnue chez les sujets VIH+

  • Lachâtre M & al.
  • AIDS

  • Caroline Guignot
  • Résumé d’article
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Une équipe de chercheurs français décrit la relative fréquence des faibles testéronémies chez des hommes séropositifs sous traitement antirétroviral.

À retenir

  • Selon une étude française, 8,7% des hommes VIH+ de 18-50 ans traités par traitement antirétroviral (TARV) présenteraient un hypogonadisme, soit deux fois plus que parmi les hommes séronégatifs.

  • Plusieurs facteurs de risque ont été identifiés reposant sur l’âge, la nature du traitement ou la composition corporelle des patients.

  • Les auteurs suggèrent qu’un dépistage serait utile chez les sujets identifiés comme étant les plus à risque afin d’améliorer leur prise en charge et leur qualité de vie.

Pourquoi est-ce important ?

Le déficit en testostérone a été décrit chez les hommes séropositifs avant l’arrivée des TARV et est également observé depuis l’avènement de ces derniers, mais la prévalence de l’hypogonadisme et les facteurs de risque associés sont encore mal connus. Étant donné l’importance de ce trouble sur la santé, il semble utile et nécessaire de mieux en évaluer la fréquence, et de pouvoir proposer un traitement spécifique le cas échéant.

Méthodologie

Cette étude a été menée chez des hommes de 18-50 ans infectés par le VIH suivis dans deux hôpitaux (CH Tourcoing, APHP Bicêtre) entre 2013 et 2016. Ceux qui étaient contrôlés par TARV (<50 copies/mL) depuis au moins 6 mois ont bénéficié d’un dosage sanguin de la testostérone (totale, libre), parallèlement au dosage de LH (luteinizing hormone), FSH (follicle-stimulating hormone), estradiol, prolactine et SHBG (sex hormone-binding globulin). Étaient considérées comme hypogonadisme les situations dans lesquelles la testostérone sérique libre était inférieure à 70 pg/mL, et classifiées en hypogonadisme primaire (LH élevée) ou secondaire (LH normale ou basse). Les prélèvements sanguins avaient toujours été conduits entre 7h et 9h du matin et les dosages conduits dans le même laboratoire.

Principaux résultats

Au total, les données de 231 patients ont été analysées (78% d’hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes HSH, âge moyen 43 ans, diagnostic médian 8 ans, ancienneté médiane du contrôle de l’infection 3 ans). Au total, 8,7% d’entre eux présentaient un taux de testostérone libre <70 pg/ml.

Selon l'analyse multivariée, l'hypogonadisme était associé au fait d’avoir plus de 43 ans (odds ratio ajusté ORa 3,17 [1,02-9,86], p= 0,04), d’avoir un pourcentage de masse grasse >19% (ORa 3,5 [1,18-10,37], p= 0,02) et d’être traité par efavirenz (ORa 3,77 [1,29-10,98], p= 0,02). En revanche, un taux de CD4+ >200 cellules/μl (ORa 0,22[0,07-0,65], p< 0,01) constituait un facteur protecteur