Hyperhidrose axillaire : intérêt d’un anticholinergique topique

  • Caroline Guignot
  • Résumé d’article
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À retenir

  • Selon les données d’une étude ouverte de 72 semaines, faisant suite à une étude de phase 3 menée durant 1 mois, l'hyperhidrose axillaire primaire sévère peut être traitée par le bromure de glycopyrronium topique (BGP).

  • Dans cette nouvelle étude, le BGP crème 1% a réduit significativement la sudation à 12 semaines et 72 semaines, et conduit à une amélioration significative de la qualité de vie, sachant que la posologie du traitement - laissée à la discrétion des patients dans une fourchette prédéfinie à partir de la 4e semaine - avait globalement diminué au cours de la période de suivi.

  • Seuls quelques effets indésirables ont été signalés, la sécheresse buccale étant l'effet indésirable anticholinergique le plus courant et le plus attendu.

Pourquoi est-ce important ?

D’étiologie inconnue, l'hyperhidrose primaire, notamment axillaire, est liée à une dérégulation du système nerveux sympathique se traduisant par une sudation excessive, souvent associée à une prévalence élevée de dépression et d'anxiété ainsi qu’à une moindre qualité de vie du fait de l’altération des interactions sociales qui en découle fréquemment. Sa prise en charge peut relever de traitements topiques, intradermiques, systémiques voire chirurgicaux. Si les premiers traitements topiques utilisés mettaient en jeu des sels d'aluminium, à risque d’irritations cutanées, des approches plus récentes ont été développées en utilisant des produits anticholinergiques. Parmi eux, le bromure de glycopyrronium a été développé sous forme topique (crème) et les données d’efficacité, de qualité de vie et le profil de sécurité de la molécule à 1 mois ont conduit à une autorisation de commercialisation dans plusieurs pays européens. Les données d’une étude ouverte menée sur 72 semaines permettent d’évaluer le maintien de la réponse thérapeutique, de la tolérance et de l’amélioration de la qualité de vie.

Méthodologie

Cette étude a suivi les patients qui avaient été traités au cours de la phase 3a qui avait duré 4 semaines et a recruté de nouveaux patients de 18 à 65 ans qui, comme eux, avaient un indice de masse corporelle de 18 à 32 kg/m² et une hyperhidrose axillaire  sévère (score 3 - 4 sur l'échelle de gravité de l'hyperhidrose – HDSS), avec production de sueur axillaire au repos par aisselle >50 mg/5 minutes. Ils ont été traités par une dose précise de GPB crème 1% (une pression, soit 4,4 mg) appliquée chaque jour au niveau des deux aisselles durant les 4 premières semaines, puis à discrétion des patients entre 2 fois/sem et 1 fois /j selon leur besoin. La production de sueur a été mesurée par mesures gravimétriques à l’inclusion, puis à 4 et 12 semaines, et le suivi mené jusqu’à 76 semaines (soit 4 semaines supplémentaires après arrêt du traitement).

Principaux résultats

Au total, 518 patients ont été traités avec la crème BGP 1% pendant 72 semaines, dont 161 provenant de l’étude de phase 3 (53% de femmes, âge moyen 33 ans, IMC moyen 25,3 kg/m²).

À 12 semaines, la production totale médiane de sueur avait été significativement améliorée par le traitement (75,8 mg contre 212,4 mg à l’inclusion, p<0,0001).

Le taux de répondeurs (amélioration ≥ 2 points du score HDSS) était de 28% à 12 semaines (p=0,0579) puis était devenu significatif à partir de la semaine 28 (29% à S28, p = 0,0112, 30% à S52, p=0,0072 et 32% à S72, p=0,0002). Parallèlement, le taux de patients chez lesquels  la baisse de la sudation était au moins de 50% était de 54,1% à S12, 22% atteignant même une baisse d’au moins 90% (p=0,0005). Parallèlement, la fréquence médiane d'application a diminué de 7 par semaine à S4 à 3 par semaine à S72.

Au total, 73,2 % ont déclaré des événements indésirables survenus au cours du traitement dont 28 graves et 2 ophtalmologiques (mydriase) potentiellement liés au traitement. Le plus fréquemment, les patients déclaraient une sécheresse buccale (12% à S4, diminuant à 5,8% à S72). Localement, le traitement était associé à de l’érythème dans 7,3% des cas et un prurit dans 3,5% des cas.

Financement

Cette étude a été sponsorisée par Dr. August Wolff GmbH & Co. KG Arzneimittel.