Hyperconnexion : lâcher pour être efficace (2/2)
- Nathalie Barrès
- Résumé d’article
Focus sur l’impact de l’hyperconnexion sur l’exercice professionnel en anesthésie
Selon le modèle de Kahneman, prix Nobel d’économie en 2002, l’être humain agirait selon 2 systèmes principaux :
- le système 1 fonctionnerait de manière automatique, involontaire, intuitif, rapide, associatif et nécessiterait peu d’efforts. Il serait le système utilisé par défaut, mais également celui qui favoriserait la créativité par ses multiples associations intuitives.
- Le système 2, lui, serait le système de la conscience, de la résolution de problèmes complexes. Il nécessiterait une certaine concentration, attention. Il serait plus lent que le premier système et interviendrait quand une limite se fait sentir avec le premier.
C’est un peu comme si l’on résumait ces deux modes à l’intuition d’une part et à la logique d’autre part.
L’auteur fait le parallèle avec l’IADE (Infirmier.e Anesthésiste Diplomé.e d’État) en service d’anesthésie-réanimation, dont les rôles sont multiples. L’IADE doit faire preuve de capacités d’anticipation, d’organisation et d’analyse de la situation et des risques. Ce professionnel met en œuvre des actions, adapte et assure la qualité et la sécurité de l’anesthésie-réanimation. Il doit également coordonner ses actions avec les autres intervenants. Ses compétences sont à la fois techniques et non techniques. Nombreuses de ces actions relèvent du système 2.
C’est le cas également de l’hyperconnexion auquel l’individu se soumet face à son smartphone. Le système 2 est paresseux, et c’est là que se situe le problème. Il risque de se satisfaire d’une solution proposée par le système 1 pour se simplifier la tâche, au détriment de la bonne réponse, on parle alors de réponse heuristique. Cette dernière est influencée par l’état d’esprit, les émotions, l’intensité des sentiments. On parle d’heuristique de l’affect qui dans un contexte d’hyperconnexion fait courir à l’individu le risque de considérer des réponses automatiques non proportionnées. L’hyperconnexion peut favoriser la réactivité du système 1 avec des réponses automatiques, stéréotypées, non efficaces.
Se détourner d’une tâche « distributrice de dopamine » nécessite une grande motivation. Or, notre volonté est directement associée à des niveaux de vigilance et d’énergie nécessaires. L’hyperconnexion favorise la focalisation de notre attention au détriment de la possibilité de conscientiser le système 2. On parle d’effet tunnel. Un cercle vicieux s’entretient tant que le système 2 est shunté. Le système 1 agit en boucle tant que la tâche n’est pas accomplie. L’hyperfocalisation entraîne la distorsion temporelle, l’exclusion auditive.
Un système 3, ou système exécutif, a été évoqué. Il viendrait inhiber l’habituation à la connexion pour favoriser la déconnexion. Encore faut-il se servir consciemment du système 3. Plusieurs actions peuvent contribuer à déconstruire ses habitudes de connexion, comme « supprimer les réseaux sociaux de son smartphone, supprimer les notifications, favoriser les interactions réelles, se recentrer sur l’essentiel (corps, proches, nature…), favoriser l’introspection, la métacognition, limiter le nombre de pages ouvertes dans un navigateur, vivre les moments réellement (ne pas filmer ou photographier), se créer une boite mail personnelle et une autre professionnelle, ne pas se servir de son téléphone comme réveil. »
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