Huit milliards d’humains aujourd’hui, combien demain ?

  • Serge Cannasse
  • Actualités professionnelles
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D’après les Nations Unies, l’humanité franchira le cap des 8 milliards d’habitants à la mi-novembre 2022, soit une multiplication par huit de sa population en deux siècles. Cette augmentation va-t-elle se poursuivre ? Oui, répond Gilles Pison, démographe à l’INED (Institut national d’études démographiques), pour atteindre un maximum compris entre 8,9 et 12,4 milliards en 2100 (avec une fourchette jugée très peu probable comprise entre 7 et 15 milliards).

Mais cette croissance se fera à un rythme bien plus faible qu’auparavant : elle baisse depuis soixante ans (passée de 2% à 1% de nos jours) et devrait continuer à le faire. En effet, tous les pays du monde ont commencé ou achevé leur transition démographique, les pays du Sud le faisant bien plus rapidement que les pays du Nord avant eux. Pour mémoire, la transition démographique est le phénomène populationnel où la baisse de la natalité est moins rapide que celle de la mortalité, jusqu’à ce que les deux s’équilibrent, du moins en théorie.

En 2022, la fécondité mondiale est de 2,3 enfants en moyenne par femme (elle était égale à 5 en 1950). Elle est très variable selon les pays, passant de 0,9 enfants par femme en Corée du Sud à 6,7 au Niger. Mais pour les deux tiers de l’humanité, elle est désormais sous le seuil de remplacement de la population (2,1 enfants par femme). Ainsi elle est égale à 2,0 en Inde, 1,7 en Iran, 1,6 au Brésil, 1,3 en Thaïlande et 1,2 en Chine.

Un humain sur trois sera Africain en 2100

L’Afrique présente une situation particulière. Sa fécondité y est presque partout supérieure à 2,5 enfants par femme (comme certains pays du Moyen-Orient et d’Asie centrale). Sa population devrait tripler d’ici 2100, passant de 1,4 milliards d’habitants aujourd’hui à 3,9 milliards. Avec pour résultat qu’un humain sur trois pourrait être Africain (contre un sur six actuellement). Cela étant, le rythme de baisse de la fécondité y est difficile à anticiper, cette baisse étant plus prononcée dans les milieux instruits et dans les villes, alors que la population vit encore majoritairement dans les campagnes. Il faut noter que la contraception n’y est pas refusée par les femmes, mais qu’elle se heurte au manque de services adaptés et au « manque de motivation de leurs responsables et des personnels chargés de les mettre en œuvre sur le terrain », y compris aux plus hauts niveaux des États.

En tout cas, « l’humanité n’échappera pas à un surcroît de 2 milliards d’habitants d’ici trente ans, en raison de l’inertie démographique que nul ne peut empêcher. » L’inertie démographique est le fait que dans une population comptant une majorité de jeunes adultes, qui font des enfants, le nombre de naissances est élevé, même si chaque couple fait peu d’enfants. Mais pour Gilles Pison, devant ce surcroît de population, la vraie question pour assurer la survie de l’humanité n’est pas tant le nombre d’humains que leurs modes de vie.