HTA sévère : 28 % des patients français ont une faible persistance médicamenteuse
- Caroline Guignot
- Résumé d’article
Messages principaux
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D’après les données de l’Assurance Maladie relatives à plus de 576.000 patients atteints d’hypertension artérielle (HTA) sévère, la bonne persistance médicamenteuse en prévention primaire était de 72% sur 6 ans de suivi. Une mauvaise persistance était associée à plusieurs paramètres sociodémographiques (sexe féminin, âge) ainsi qu’à certaines classes thérapeutiques. Cette étude apporte des éléments de réflexion pour infléchir ce constat et améliorer le maintien des traitements chez ces patients à risque cardiovasculaire (CV).
La mauvaise persistance médicamenteuse, qui correspond à l’arrêt de la prise, peut expliquer l’HTA résistante et représente un risque de complications CV chez les patients hypertendus, particulièrement lorsque ceux-ci sont atteints de formes sévères de la maladie. Les études françaises relatives à l’évaluation de la persistance médicamenteuse dans cette population sont rares. Un travail mené par la Caisse nationale d’Assurance Maladie, Santé Publique France et une équipe de l’APHP propose une analyse des données issues du système national des données de santé (SDNS).
Méthodologie
Les adultes ayant débuté un traitement sans maladie CV associée ont été identifiés sur les données du SNDS d’un semestre entre 2010 et 2012. Ils devaient avoir eu deux délivrances simultanées d'au moins trois classes thérapeutiques d’antihypertenseurs. La persistance était définie comme élevée lorsque le nombre moyen de classes thérapeutique prescrites sur un semestre était d’au moins 80%, avec un suivi total de 12 semestres.
Principaux résultats
Les données de 576.048 adultes (65,3 ans dont 31% avaient moins de 60 ans, 41,7% d’hommes) ont été analysées. Au cours du semestre d'inclusion, 79% recevaient trois classes d’antihypertenseurs, tandis que 18% en recevaient 4 et 4% 5 ou plus. Il s’agissait majoritairement de diurétiques (88%), d’inhibiteurs calciques (66%), d’antagonistes de l’angiotensine II (64%), puis de bêtabloquants (54%) ou d’IEC (34%). La persistance a été évaluée comme élevée pour 72% des personnes incluses dans l’analyse.
Selon l’analyse multivariée, le sexe féminin, les âges extrêmes, le fait de vivre dans un département d'outre-mer, d’avoir au moins une comorbidité ou encore le fait de ne pas consulter ou de consulter fréquemment son généraliste ou un cardiologue sont des facteurs associés au risque de mauvaise persistance. Certains traitements avaient un odds ratio indiquant une association avec un risque de maintenir une bonne persistance, comme les diurétiques (1,45 [1,33-1,59]), les inhibiteurs calciques (1,63 [1,50-1,79]), ou les bêtabloquants (1,92 [1,76-2,1]) tandis que les IEC (0,87 [0,8-0,95]), et les autres antagonistes du système rénine angiotensine (0,91 [0,83-0,99]) étaient associés à un risque de mauvaise persistance. Du fait de la place des différentes classes dans les recommandations de prise en charge de l’HTA, ce résultat est toutefois sujet à discussion. Le fait de recevoir au moins 4 médicaments était également défavorable pour maintenir une bonne persistance.
Les auteurs rappellent que la diminution du nombre de molécules prises au cours du temps peut être le fruit d’une adaptation de la thérapeutique par le médecin.
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