HTA : résistance européenne face à une position américaine jugée drastique !
- Vidal-Petiot E & al.
- Eur Heart J
- Nathalie Barrès
- Résumé d’article
En novembre 2017, les recommandations américaines (American College of Cardiology/American Heart Association - ACC/AHA) fixent le seuil de l’hypertension à 130/80 mmHg1. De leur côté, en août 2018, l’European Society of Cardiologie et l'European Society of Hypertension (ESC/ESH) publient de nouvelles recommandations mettant en avant une attitude de prise en charge moins drastique des troubles tensionnels.
Quid des différences entre les recommandations européennes et américaines de prise en charge de l’hypertension ?
Deux différences majeures entre les recommandations européennes et américaines de prise en charge de l’hypertension sont à souligner :
- La définition du seuil d’hypertension. Les américains l’ont fixé à 130/80 mmHG alors que les européens ont maintenu la définition usuelle >140/80 mmHg. Une différence qui ne se traduit pas en pratique par une différence si importante puisque les américains préconisent d’abord des mesures hygiènodiététiques, puis une prise en charge pharmacologique entre 130-139/80-89 mmHg seulement pour les sujets à haut risque cardiovasculaire. De leur côté les européens recommandent pour une valeur de PA dite normale haute entre 130-139/85-89 mmHg une prise en charge médicamenteuse uniquement pour les sujets à très haut risque cardiovasculaire (coronariens en particulier).
- La définition de zones cibles. Les nouvelles recommandations européennes introduisent un seuil de PAS et PAD au-dessous duquel les patients ne doivent pas être traités. Ainsi, associé à la définition de l’hypertension artérielle, cela contribue à fixer une zone cible qui est pour la PAD de 70 à 79 mmHg pour tous les patients et pour la PAS de 120 à 130 mmHg pour les sujets de moins de 65 ans, et entre 130 et 139 mmHg pour les 65 ans et plus.
Une « fin de non-recevoir » à la position américaine…
Dans un éditorial2 paru dans la lettre du cardiologue, le Pr Jacques Blacher, et les Drs Nathan Elbeze et Alexandre Vallée félicitent le choix raisonnable des Sociétés Savantes Européennes, qui constitue selon eux une « fin de non-recevoir à la proposition Outre-Atlantique » qui consiste à prendre en charge l’hypertension dès une valeur de 130/80 mmHg. Ils justifient leur point de vue par plusieurs arguments : environ la moitié des patients ayant une PA entre 130 et 140 mmHg ne franchira pas la barre des 140/90 mmHg nécessitant un traitement antihypertenseur ; aucun essai thérapeutique sur un collectif de sujets n’a démontré que le traitement d’une PAS entre130 et 140 mmHg offrait un bénéfice cardiovasculaire ou rénal ; un seuil d’hypertension à 130/80 mmHg revient à déclarer hypertendue près de la moitié de la population des pays occidentaux, avec des impacts médicaux, sociaux, psychologiques et économiques non négligeables.
Malheureusement, l’accès à l’intégralité de cet article est reservé uniquement aux professionnels de santé disposant d’un compte.
Vous avez atteint la limite d'articles par visiteur
Inscription gratuite Disponible uniquement pour les professionnels de santé