Hormonothérapie versus chimiothérapie : la plus mal tolérée n’est peut-être pas celle que l’on croit…

  • Fanny Le Brun
  • Actualités Médicales
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Chaque année depuis 25 ans en France, « Octobre Rose » est le mois consacré à la lutte contre le cancer du sein. A cette occasion, les résultats d’une étude réalisée dans la cohorte CANTO (CANcer TOxicities) viennent d’être publiés et bousculent les idées reçues sur l’impact que peuvent avoir l’hormonothérapie et la chimiothérapie sur la qualité de vie des femmes atteintes d’un cancer du sein.

Cette étude avait pour objectif d’évaluer la qualité de vie de 4.262 patientes atteintes d’un cancer du sein localisé (stade I à III), au moment du diagnostic puis à un an et à deux ans. Ces patientes ont subi une chirurgie et pour certaines une chimiothérapie et/ou une radiothérapie. Environ trois quarts d’entre elles (75-80%) ont ensuite reçu une hormonothérapie pendant au moins 5 ans. La qualité de vie de ces patientes a été évaluée à l’aide de 2 questionnaires :

  • EORTC QLQ-C30 qui évalue la qualité de vie générale des patients atteints de tout type de cancer,
  • QLQ-BR23 qui est plus spécifique de la qualité de vie dans le cadre du cancer du sein.

D’après les résultats de cette étude, contrairement à ce qui est communément admis, l’impact des traitements antihormonaux sur la qualité de vie des femmes n’est pas plus faible que celui de la chimiothérapie. En effet, la détérioration de la qualité de vie deux ans après le diagnostic est plus importante chez les patientes ayant reçu de l’hormonothérapie, surtout après la ménopause, tandis que l’impact de la chimiothérapie est plus transitoire et plus important chez les femmes non-ménopausées, particulièrement sur la détérioration des fonctions cognitives.

L’hormonothérapie, poursuivie pendant 5 à 10 ans, est un traitement efficace pour éviter les rechutes des cancers hormono-dépendants. C’est pourquoi il est important de proposer une prise en charge adaptée aux femmes qui développent des symptômes sévères liés à ce traitement pour éviter un défaut d’observance. Les symptômes les plus impactants doivent être pris en charge, notamment ceux liés à la ménopause, les douleurs musculo-squelettiques, la dépression, la fatigue sévère ou encore les dysfonctions cognitives. Il est important d’y associer des soins non médicamenteux comme l’exercice physique et les thérapies cognitivo-comportementales. Il serait également nécessaire de réussir à distinguer, avant traitement, les patientes à haut risque de rechute de celles à plus faible risque, afin d’identifier celles qui pourraient bénéficier d’une désescalade thérapeutique.

Il est important de noter que la description d’une mauvaise tolérance de l’hormonothérapie ne remet pas en cause son excellent rapport bénéfice/risque.