Homicides sexuels : peut-on prévoir le risque de récidive ? (3/3)


  • Nathalie Barrès
  • Résumé d’articles
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Après avoir évoqué la fréquence de ces crimes, le profil des criminels, voyons quels sont les critères de risque d’homicide sexuel et l’évaluation du risque de récidive.

 

De l’agression sexuelle à l’homicide…

Les études montrent qu’une agression sexuelle a plus de probabilité de dégénérer en homicide sexuel lorsque :

  • La victime est âgée de moins de 15 ans et qu’elle n’a aucun lien avec l’agresseur ;
  • La victime est issue d’un environnement social dans lequel elle n’a pas été exposée à la criminalité ;
  • L’événement criminel a lieu de jour ;
  • La durée du délit est relativement longue ;
  • Une arme est présente sur la scène du crime.

 

Comment ces individus sont-ils pris en charge une fois arrêtés ?

Les auteurs d’homicide sexuel sont généralement condamnés à une incarcération à vie sans possibilité de libération conditionnelle avant vingt-cinq ans. Leur dangerosité sera réévaluée au cours de leur peine et peut aboutir à une incarcération d’une durée indéterminée. 

 

Le traitement tiendra compte du profil de personnalité de l’individu, de son degré d’acceptation des actes commis, du type d’acte (sadisme sexuel, explosion de colère).

Les facteurs de risque de récidive et de protection (notamment ressources de son environnement) seront considérés.

  • Dans le cas d’auteurs d’homicide sexuel sadique, l’intervention thérapeutique sera axée sur les fantaisies sexuelles déviantes, qui servent souvent de substituts aux relations interpersonnelles absentes ou insatisfaisantes. La thérapie vise à modifier les préférences sexuelles et à remettre en question les schémas cognitifs qui sous-tendent la faible estime de soi. La prise en charge de ces individus comportera également un traitement pharmacologique pour réduire leur libido (anti-androgènes et antidépresseurs inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine). 
  • Dans le cas d’auteurs d’homicide sexuel colériques, le travail sera axé sur le stress et sur l’acquisition d’habilités à résoudre des problèmes sans violence, ni colère. La thérapie pourra remettre en question les croyances dysfonctionnelles à l’origine de cette colère. Des prises en charge spécifiques de dépendance à l’alcool et/ou à la drogue seront également envisagées, car il s’agit souvent de problèmes qui coexistent.

 

Peut-on prévoir le risque de récidive ?

Les analyses montrent que 90% des auteurs d’homicide sexuel ont eu un comportement criminel au préalable, mais que seuls 71,1% ont été identifiés par la police. Violence conjugale (47,9%), vol (38%), délit sexuel (28,9%), voie de fait (23,1%) introduction par effraction (21,5%) sont les plus fréquents.

Aucun outil d’évaluation du risque de récidive sexuelle n’existe à ce jour. Une seule étude a exploré le risque de récidive criminelle d’auteurs d’homicide sexuel (90 individus ayant réintégrés la communauté en Allemagne). Ses résultats montrent qu’un d’entre eux a commis une récidive d’homicide sexuel, deux ont tenté de commettre un homicide dont l’un était sexuel, 15,6% ont commis un délit sexuel (sur un suivi de 5 ans), 16,7% un délit violent (suivi 2,8 ans), 47,8% un délit non sexuel et non violent (suivi 4,1 ans).