HELENA-IR, un outil d'évaluation du risque d’insulinorésistance pour les adolescents

  • Caroline Guignot
  • Résumé d’article
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À retenir

  • A partir des données d’un millier d’adolescents scolarisés, des chercheurs ont établi un indice d'évaluation du risque baptisé HELENA-IR, spécifique du sexe de l’enfant, et qui permet d'identifier les adolescents ayant une probabilité significative de présenter une insulinorésistance.
  • Ce test repose sur des composantes simples : indice de masse corporelle ou taux de masse grasse, valeur de VO2max et, pour les filles, le temps quotidien moyen passé devant la télévision.
  • S’il est facile à utiliser en pratique clinique, il mériterait néanmoins d’être validé par d’autres études menées auprès d’autres populations adolescentes et permettant éventuellement de perfectionner ce score pour atteindre des aires sous courbe plus discriminantes.

Pourquoi est-ce important ?

Les enfants et adolescents ayant une surcharge pondérale et un ou plusieurs facteurs de risque supplémentaires sont à risque de diabète de type 2 et devraient, à ce titre, faire l'objet d'un dépistage. Certaines études évoquent une part importante d’absence de diagnostic parmi les jeunes qui sont diabétiques. Des outils simples et peu coûteux permettant d’identifier ces enfants seraient nécessaires. Différents outils de dépistage existent mais ils n’ont pas toujours été validés ou étudiés dans la population adolescente, et la plupart d'entre eux nécessitent des mesures de la glycémie, qui sont plus rares chez les populations jeunes sans suivi biologique particulier. Aussi, ce travail a visé à développer et valider un outil d'évaluation du risque à partir de paramètres plus facilement accessibles, grâce auquel il serait possible d’identifier les enfants chez lesquels un dépistage pourrait être plus approprié.

Méthodologie

Ce travail a été conduit à partir des données de l'étude HELENA-CSS (Healthy Lifestyle in Europe by Nutrition in Adolescence – CrossSectional Study) qui avait été menée en milieu scolaire dans 10 villes européennes (dont Lille) en 2006 et 2007. Il a reposé sur les données des 1.053 adolescents parmi les 3.528 recrutés dans l’étude (âgés de 12,5 à 17,5 ans, sans pathologie aiguë depuis moins d'une semaine), pour lesquels les données sociodémographiques et anthropométriques étaient disponibles et chez lesquels des dosages de glycémie et d'insulinémie avaient pu être conduits et avaient permis le calcul du score HOMA-IR (Homeostasis Model Accessment of insuline resistance).

Principaux résultats

Au total, l’analyse a été menée chez 1.053 enfants (dont 554 filles, âge moyen 14,7 ans, IMC moyen 21,3 kg/m²).

En utilisant comme valeur seuil d’HOMA-IR celle correspondant au troisième tertile de la population recrutée (soit 2,43 UI/mL), la régression logistique montre une association entre ce paramètre et les valeurs d'IMC et de VO2max, ainsi que, pour les filles, le fait de regarder la télévision. Ensuite, des scores ont été attribués à chacun des facteurs de risque identifiés puis les différents sous-scores d’intérêt ont été additionnés pour constituer un score total. Les scores établis pour l'indice HELENA-IR étaient compris entre 0 et 29 chez les garçons et de 0 à 43 chez les filles. Les valeurs seuils de 5 sur 29 points et de 16,5 sur 43 points de l’indice permettaient par exemple d’identifier les adolescents et adolescentes dont la valeur de l’HOMA-IR était au-dessus du 75e percentile et celles de 15,5 et 21,5 permettaient respectivement d’identifier ceux au-dessus du 95e percentile.

Pour la pratique clinique, l’algorithme d’identification correspondant reposait sur plusieurs étapes : 

  • Pour les garçons, la catégorie d’IMC (normal, surpoids, obèse), puis le VO2max qualifiant le niveau d’activité physique (bon, moyen ou faible) permettait, selon leurs valeurs, de prédire l’appartenance de l’adolescent au groupe ayant une valeur d’HOMA-IR au-dessus du 75e percentile (avec des valeurs d’aire sous courbe, de sensibilité et de spécificité de 0,635, 0,513 et 0,735) ou du 95e percentile (0,714, 0,625 et 0,905 respectivement). 

  • Chez les filles, l’algorithme reposait sur l’indice de masse grasse (supérieur ou inférieur au 90e percentile), puis le VO2max (bon, moyen ou faible niveau d’activité), puis la durée passée devant la télé (plus ou moins d’une heure par jour), qualifiant le niveau d’activité physique : selon ces valeurs, cet algorithme permettait de prédire l’appartenance de l’adolescente au groupe ayant une valeur d’HOMA-IR au-dessus du 75e percentile (avec des valeurs d’aire sous courbe, de sensibilité et de spécificité de 0,632, 0,568 et 0,652) ou du 95e percentile (0,708, 0,667 et 0,617 respectivement).