Harcèlement : une étude longitudinale menée à la faculté de médecine Paris Descartes

  • Lisan Q & al.
  • Med Teach

  • Caroline Guignot
  • Résumé d’article
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Messages principaux

  • Selon une étude menée à la faculté de Médecine de Paris Descartes, le harcèlement sexuel et moral est rapporté par respectivement 7% et 15% des étudiants qui ont répondu à l’enquête en 2017. Le suivi dans le temps montre que ces chiffres ont progressivement diminué, notamment dans l’année suivant la mise en place de cet observatoire.
  • Il n’y avait pas de différences de sexe concernant la fréquence du harcèlement moral, mais les femmes avaient une probabilité plus élevée de déclarer avoir été victimes de harcèlement sexuel. Le taux de déclaration de harcèlement sexuel était plus fréquent en chirurgie et celui du harcèlement moral était plus élevé en chirurgie et pédiatrie.

 

Une étude longitudinale a été conduite dans le cadre d’un observatoire dédié à la faculté de Médecine de Paris Descartes. Elle visait à évaluer l’ampleur et l’évolution du harcèlement sexuel et moral sur une période de deux ans durant laquelle deux interventions ont eu lieu : l’une était le retrait complet des étudiants d'un département spécifique en raison de signalements répétés (fin du 3e trimestre de l’étude), l’autre ayant consisté en un discours de sensibilisation mené par le doyen pendant l'assemblée générale des enseignants (fin du 4e trimestre). Les questions posées aux étudiants consistaient à leur demander dans quelle mesure ils avaient été victimes ou témoins de harcèlement moral ou sexuel de la part de leurs encadrants sur une échelle de 0 à 10, les réponses étant considérées significatives à partir de 5. L’étude a été initiée en 2017 et, de façon fortuite, au moment de l’affaire Weinstein.

Principaux résultats

Sur les 2 ans, 2.795 réponses ont été recueillies auprès de 1.090 étudiants, dont un tiers étaient des hommes.

Au début de l’étude, les personnes se déclarant témoins ou victimes de violences psychologiques étaient respectivement 15,7% et 10,3%. Ces chiffres ont rapidement chuté du fait de la communication autour de l’observatoire, puis des deux interventions. Ils ont diminué autour de 4%, pour rebondir ensuite durant les trimestres 2 et 3 de l'année 2018-19, où ils atteignaient 7,8% et 5,4%.

Concernant le harcèlement sexuel, des étudiants se diraient témoins ou victimes dans 7,4% et 4,1% des cas au début de l'étude, et ce chiffre a progressivement diminué jusqu’à 1,8% et 1,2% à la fin de la période.

Aucune association n'a été trouvée entre le sexe et la déclaration d'abus psychologique alors que la probabilité d’être victime de harcèlement sexuel était plus élevée chez les femmes. Par ailleurs, les étudiants plus âgés étaient moins enclins à déclarer avoir été témoins de harcèlement sexuel que les étudiants plus jeunes, peut-être du fait d’un phénomène d’habituation. Enfin, les départements de chirurgie étaient fortement associés à une probabilité accrue de signaler un harcèlement sexuel (OR compris entre 5,15 et 5,70).