Grossesse : La supplémentation des fumeuses en vitamine C améliore le pronostic respiratoire de l'enfant à naître

  • Caroline Guignot
  • Résumé d’article
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À retenir

  • La supplémentation quotidienne en vitamine C chez les femmes enceintes n’ayant pas arrêté de fumer semble apporter un bénéfice sur la fonction respiratoire de leurs enfants à l’âge de 5 ans avec un meilleur débit expiratoire de pointe et une moindre fréquence des sifflements.

  • Une telle supplémentation pourrait donc être intéressante pour améliorer durablement la santé et le devenir respiratoire des enfants nés de mères fumeuses, sachant que l’âge foetal au moment de l’initiation semble important pour optimiser cette efficacité.

Pourquoi est-ce important ?

L'exposition in utero à la fumée de tabac est un facteur de risque d'altération du développement pulmonaire du fœtus, d’altération fonctionnelle des voies respiratoires et d'asthme chez l’enfant à naître. Malheureusement toutes les femmes n’arrivent pas à arrêter de fumer au cours de leur grossesse. Or, des données obtenues dans des modèles animaux montrent que ces altérations reposent essentiellement sur l’impact de la nicotine sur les récepteurs nicotiniques du tissu fœtal pulmonaire en développement. Des investigateurs américains ont conduit quelques essais cliniques randomisés de supplémentation en vitamine C (500 mg/j) chez des femmes enceintes n’ayant pas réussi leur sevrage tabagique. Ces essais ont obtenu des résultats contrastés, avec l’amélioration de certains paramètres des fonctions respiratoires seulement dans les premiers mois suivant la naissance. Ils ont souhaité évaluer le bénéfice de la vitamine C dans l’une de ces cohortes après 5 ans de suivi des enfants.

Méthodologie

L’étude VCSIP (Effects of Smoking in Pregnancy on Infant Lung Function) ont inclus des femmes de 15 ans et plus attendant un enfant unique (13-22 semaines de grossesse) et qui fumaient au moins une cigarette par semaine. Elles avaient été randomisées entre 500 mg/j de vitamine C et un placebo. Les enfants ont bénéficié d’une spirométrie à l’âge de 5 ans. L’étude visait à comparer le débit expiratoire de pointe entre 25 et 75% de la capacité vitale forcée (DEM25-75) à l’âge de 5 ans. De plus, des questionnaires sur la fonction respiratoire et l’existence de sifflements ont été remplis par les parents des enfants entre le 4e et le 6e anniversaire de l’enfant.

Principaux résultats

L’analyse a porté sur 213 enfants, aucun paramètre lié à la naissance ou postnatal n’était différent entre les deux groupes. Par ailleurs, dans chacun des deux groupes, les mères avaient un taux de métabolite urinaire de la nicotine comparable dans les deux groupes, tandis que les taux plasmatiques moyens d'acide ascorbique à jeun relevé au milieu et à la fin de la grossesse étaient significativement supérieurs chez les fumeuses enceintes du groupe vitamine C.

Parmi ces enfants, 90,1% ont réalisé une spirométrie à l’âge de 5 ans. Les résultats obtenus chez les enfants nés de fumeuses ayant été supplémentées en vitamine C montraient une augmentation significative de DEM25-75 (1,45 vs 1,24L/s, soit une différence moyenne ajustée de 0,21 [0,13-0,30], p<0,001). Les valeurs moyennes de DEM50, DEM75 étaient également améliorées. Par ailleurs, si le VEMS (volume expiratoire maximal seconde) était supérieur dans le groupe vitamine C (1,13 vs 1,09 L, soit 0,05 [0,01-0,09], p= 0,02), la CVF restait en revanche inchangée.

Selon les données des questionnaires, les enfants ayant été exposés à la vitamine C in utero avaient moins souvent une respiration sifflante entre 4 et 6 ans que les autres (28,3 % vs 47,2%, OR 0,41 [0,23-0,74], p=0,003). L’analyse des données menées après stratification des enfants selon le début de la supplémentation suggère que le bénéfice de la vitamine C sur les sifflements est supérieur lorsque cette dernière a été initiée avant la 18e semaine de grossesse, plutôt qu’au-delà.