Grossesse et pollution
- Nakiwala D & al.
- Environ Health Perspect
- Nathalie Barrès
- Résumé d’articles
À retenir
- À partir d’échantillons d’urine recueillis de manière répétée durant la grossesse, une équipe française vient de mettre en évidence des associations entre les expositions prénatales à plusieurs phénols et phtalates et les concentrations d’hormones thyroïdiennes maternelles.
- Les auteurs invitent à une interprétation prudente de ces données et à la réalisation de nouvelles études de plus grande envergure.
Pourquoi est-ce important ?
Durant la grossesse, le fonctionnement normal de la thyroïde maternelle est un élément crucial pour le bon développement du fœtus. En dehors des carences en iode et des troubles thyroïdiens préexistants, l’exposition à des contaminants environnementaux, en particulier les perturbateurs endocriniens tels que les phénols et phtalates, est soupçonnée de contribuer au dérèglement hormonal. Cependant, les précédentes études ayant exploré l’existence d’une éventuelle association entre les deux ont conduit à des résultats contradictoires. Cela pourrait en partie être le fait de faux positifs et à un nombre trop limité d’échantillons. Le dépistage des composés chimiques mis en évidence ici souligne l’intérêt de développer des études pour mieux comprendre et suivre les perturbations des sécrétions thyroïdiennes et leurs implications sur la santé du fœtus.
Méthodologie
Un consortium international coordonné par des chercheurs de l’Inserm, du CNRS et de l’Université Grenoble Alpes a réalisé des dosages urinaires de métabolites du phénol/phtalate de 437 femmes enceintes. Globalement 21 échantillons d’urines ont été prélevés (en valeur médiane) par femme.
Principaux résultats
L’âge médian des femmes recrutées était de 32,5 ans. Parmi elles, 55% avaient déjà un enfant. Elles avaient globalement un haut niveau d’éducation (56% ayant un niveau scolaire de ≥5ans post-baccalauréat). Les bisphénols AF, B et F n’ont pas été considérés car détectés dans moins de 5% des échantillons.
Au total, 95% des femmes étaient dans l’intervalle de référence défini par la Haute Autorité de Santé (HAS) française, pour les femmes enceintes, en ce qui concerne la TSH (Thyroïd Stimulating Hormone) : entre 0,358 et 2,500 mUI/L pour les échantillons prélevés au premier trimestre et entre 0,358 et 3,000 mUI/L pour les échantillons prélevés plus tard au cours de la grossesse. Par ailleurs, 80% des femmes avaient des concentrations en iode inférieures aux recommandations de l’organisation mondiale de la santé.
Une association a été mise en évidence entre exposition à trois polluants couramment utilisés (propyl-parabène, bisphénol A et butyl-benzyl phtalate) et des taux anormaux d’hormones thyroïdiennes.
Les parabènes ont été négativement associés au rapport triiodothyronine/thyroxine (T3/T4) et au taux de T3.
Le phtalate de monobenzyle a été positivement associé au taux de T4 total et négativement au ratio T3/T4.
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