Grippe aviaire : une situation sans précédent !

  • Fanny Le Brun
  • Actualités Médicales
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Santé publique France vient de publier un point de situation épidémiologique sur la circulation des virus de la grippe aviaire et rappelle les recommandations à suivre en cas d’exposition à risque. Pour rappel, l’Homme peut être infecté par plusieurs virus influenza aviaires, notamment de sous-type H5N1, H7N9 et H9N2. 

Une épizootie sans précédent

Depuis octobre 2021, l'Europe subit l’épizootie d'influenza aviaire hautement pathogène la plus dévastatrice qu’elle ait jamais connue. Au niveau mondial, la quasi-totalité des continents sont touchés (en particulier l’Europe, l’Asie, les Amériques et dans une moindre mesure l’Afrique). 

En France, depuis août 2022, plus de 300 foyers ont été détectés dans des élevages (plus des trois quarts dans la région Pays de la Loire). Parmi les oiseaux sauvages, le nombre de cas a également fortement progressé en France en 2022-2023 : des centaines d’oiseaux infectés ont été retrouvés morts sur le territoire.

Des mammifères infectés

La circulation intense et continue de ces virus chez les oiseaux a conduit à leur introduction chez une vingtaine d’espèces de mammifères terrestres et marins, sauvages et domestiques. Au niveau mondial, des centaines de mammifères infectés ont été retrouvés morts ou sur le point de mourir, avec souvent des atteintes neurologiques. Une transmission entre mammifères a plusieurs fois été évoquée. En France, un chat a été infecté fin décembre 2022 dans les Deux-Sèvres, l’origine de la contamination étant un élevage de canards voisin. Les premières analyses n’ont pas mis en évidence d’infection aiguë parmi les personnes exposées à ce chat mais des analyses sérologiques complémentaires sont en cours.

Quels risques pour l’Homme ?

L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) considère que le risque de transmission à l'Homme des virus influenza aviaires qui circulent actuellement est faible et aucune transmission interhumaine n’a été documentée. Plusieurs détections du virus A(H5N1) ou de sous-type H5Nx appartenant au clade 2.3.4.4b ont été confirmées chez l’Homme depuis fin 2021 (aucun cas en France) mais ce nombre reste faible étant donné l’intensité de l’épizootie mondiale. Cependant, le fait que ces virus infectent de plus en plus souvent des mammifères d’espèces variées augmente le risque d’émergence d’un nouveau virus influenza mieux adapté à l’Homme et capable de transmission interhumaine. 

Chez l’Homme, les formes cliniques peuvent être bénignes voire asymptomatiques mais également sévères avec admission en réanimation et décès.

Comment se protéger ?

En cas de contact ou d'exposition à risque avec des animaux sauvages ou domestiques, Santé publique France recommande de :

  • Ne pas toucher des animaux morts ou blessés : prévenir l'Office départemental de la biodiversité ou la Fédération des chasseurs et informer la mairie ; 
  • Se protéger (gants, masque, lavage des mains) en cas de contacts avec des oiseaux sauvages, par exemple en cas de collecte d’oiseaux sauvages morts ou lors d’expositions professionnelles à des oiseaux suspectés d’infection ;
  • Se faire vacciner tous les ans contre la grippe saisonnière lorsqu'on est un professionnel exposé aux virus influenza porcins et aviaires, afin d’éviter une infection simultanée par un virus de l’influenza aviaire ou porcin et un virus de la grippe humaine, cela pouvant conduire à l’émergence d’un nouveau virus grippal contagieux pour l'être humain ;
  • Consulter immédiatement en cas de symptômes (fièvre, toux, fatigue, difficultés respiratoires, troubles neurologiques) dans les 10 jours suivant une exposition à risque (contact avec des oiseaux sauvages ou domestiques, avec des mammifères sauvages malades ou morts, ou encore des porcs grippés).

Il est important de rappeler que les professionnels de santé sont tenus de signaler immédiatement aux autorités sanitaires tout cas suspect de grippe zoonotique afin de mettre en place les mesures de gestion adaptées.