Glucocorticoïdes systémiques prolongés : quelles sont les mesures adjuvantes prescrites en pratique ?

  • Nathalie Barrès
  • Résumé d’article
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À retenir 

En France, près de 15% de la population est exposée à une corticothérapie chaque année et 1,8% à une corticothérapie systémique prolongée (≥6 remboursements/an).

Une enquête transversale a été menée auprès de patients, via le site www.cortisone-info.fr, afin d'identifier les mesures adjuvantes prescrites en prévention d'effets indésirables d'une corticothérapie systémique et du type de spécialité du médecin prescripteur. Au total, 1.383 questionnaires ont été remplis et 61% sont entrés dans les critères d’analyse. Les répondants étaient principalement des femmes (70,6%), l’âge moyen était de 59 ans, la corticothérapie était prise par voie orale pour 95% des sujets et la posologie médiane actuelle était de 12,5 mg/j (posologie maximale reçue 42 mg/j). 

Les résultats de cette enquête indiquent que la prescription de la plupart des mesures adjuvantes à une corticothérapie systémique prolongée dépend largement de la spécialité du médecin prescripteur. Les internistes sont plus prescripteurs que toutes les autres spécialités. Si moins de 50% des patients bénéficient des mesures adjuvantes consensuelles (prévention de l’ostéoporose, vaccination), ils seraient plus d’un tiers à recevoir des mesures jugées inutiles (supplémentation potassique, protection gastrique, régime hyposodé). En dehors des pneumologues, les vaccinations anti-grippale et anti-pneumococcique ne sont pas prescrites comme elles devraient l’être.

Quelles sont les mesures utiles et moins utiles ?

Les mesures hygiéno-diététiques associées aux corticothérapies ne font l’objet d’aucun consensus, ce qui peut partiellement expliquer l’hétérogénéité de leur prescription. Par ailleurs, face au peu de preuves concernant l’utilité de certains régimes et aux contraintes ressenties par les patients, les auteurs se demandent si un régime normo-calorique, normo-glucidique, normo-protidique, normo-sodé ne serait pas suffisant la plupart du temps. Les régimes restrictifs seraient alors prescrits au cas par cas en fonction des comorbidités des individus. De même, la supplémentation potassique ne fait l’objet d’aucun consensus et il n’a jamais été démontré que les glucocorticoïdes de synthèse induisaient une diminution des taux sanguins de potassium. Au regard du faible risque d’ulcère gastroduodénal et d’hémorragie digestive chez les sujets en ambulatoire, la prescription systématique d’un anti-ulcéreux ne semble donc pas justifiée. En revanche, les corticothérapies prolongées exposent à un risque infectieux augmenté (surtout les 6 premiers mois) justifiant la nécessité de la prescription systématique des vaccinations anti-grippale et anti-pneumococcique. La prévention de l’ostéoporose cortico-induite ne semble pas encore optimale, alors qu’elle a fait l’objet de recommandations actualisées en 20141. Ces dernières préconisent une mesure de la densité minérale osseuse chez tous les patients débutant une corticothérapie orale ≥3 mois et ce quelle que soit la dose. Le bénéfice de la supplémentation en calcium et vitamine D n’est pas clairement démontré, en revanche l’apport de 4 produits laitiers par jours associés à une supplémentation en vitamine D est rappelé. L’introduction d’un traitement anti-ostéoporotique spécifique est recommandé chez les femmes ménopausées et les hommes de plus de 50 ans recevant une posologie journalière ≥7,5 mg d’équivalent prednisone.