Gérer l’incertitude dans la pratique de la médecine

  • Paolo Spriano
  • Actualités professionnelles
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La médecine est une profession très complexe. Les médecins sont appelés à poser des diagnostics, à élaborer des plans de traitement et à émettre des pronostics sur l’évolution de la maladie et le devenir de leurs patients. Dans la pratique clinique, ils sont souvent confrontés à des cas où un patient présente des symptômes communs à plusieurs pathologies. Pour établir la cause réelle, le médecin doit effectuer un diagnostic différentiel. Ce processus implique de recueillir les antécédents médicaux de la personne, de procéder à un examen ciblé et de prescrire les examens complémentaires nécessaires. Faut-il s’étonner, dès lors, que l’incertitude fasse partie du quotidien des médecins ?

L’analyse des décisions en médecine montre qu’il existe un niveau élevé d’incertitude lorsque la meilleure décision que le médecin peut prendre n’est pas de prime abord évidente (c’est-à-dire, lorsque de nombreuses solutions sont perçues comme bonnes) et lorsque le problème est un problème qui se produit peu fréquemment ou qui exige un haut niveau de connaissances.

Il pourrait être utile de disposer de stratégies pour faire face à l’incertitude, selon un éditorial publié dans la revue The American Journal of Medicine. L’auteur, le Dr Daniel M. Lichtstein, mentionne les aspects de la pratique clinique quotidienne auxquels ces stratégies peuvent s’appliquer.

Reconnaître l’incertitude

Les médecins doivent s’efforcer de faire au mieux pour leurs patients à tout moment, mais les dilemmes diagnostiques sont fréquents, et l’évaluation et le traitement à privilégier ne sont pas toujours clairs. La chose la plus importante à faire pour les médecins face à l’incertitude est de la reconnaître.

Tous les médecins font des erreurs. Certaines de ces erreurs peuvent être attribuées au fait de ne pas reconnaître l’incertitude et de ne pas avoir l’humilité ou la volonté d’admettre ne pas savoir quelque chose. Avoir l’humilité suffisante pour dire « je ne sais pas » et reconnaître lorsqu’il convient de consulter des confrères ou des spécialistes est d’une importance capitale, et les patients méritent cette humilité.

Stratégies de pratique clinique

Partager l’incertitude et adopter une approche de la prise de décision centrée sur le patient contribuent à créer des relations ouvertes et de confiance avec les patients. « Je me suis rendu compte qu’en ne faisant pas part de mon incertitude aux patients au départ, cela aboutissait à davantage de stress et d’inquiétude », déclare Daniel M. Lichtstein.

Il faut toujours demander aux patients d’appeler si leur état change ou s’aggrave, et les médecins doivent être précis sur les signes que les patients doivent guetter et sur la façon dont les patients peuvent contacter leur médecin.

En outre, un suivi étroit est crucial pour faire face à l’incertitude. Le bon diagnostic peut devenir manifeste à mesure qu’une maladie évolue, et un suivi étroit augmente la probabilité qu’un médecin la reconnaisse.

Si un patient sort de l’hôpital et qu’un autre médecin (probablement le médecin généraliste du patient) est amené à assurer le suivi, ce médecin doit être contacté directement, et toute incertitude concernant l’état du patient ou les plans de soins à venir doit être clarifiée. Le même principe s’applique pendant une hospitalisation, lorsque les soins sont transférés d’une équipe à une autre ou d’un médecin à un autre.

En cas de doute sur l’évolution d’une affection ou sur la manière dont le patient peut répondre au traitement, un médecin peut avoir l’impression de ne pas répondre aux attentes du patient ou de le décevoir d’une certaine manière. Toutefois, comme la Dre Katrina Armstrong l’a écrit dans son article Si les choses ne peuvent être changées, il faut les accepter : incertitude et confiance en médecine (If You Can’t Beat It, Joint it: Uncertainty and Trust in Medicine), « Le plus grand réconfort pour un patient peut être de s’entendre dire que, quelle que soit l’incertitude clinique, son médecin sera avec lui, peu importe ce que l’avenir lui réserve ».

Cet article en provenance d’Univadis Italy a été traduit pour medscape.com.