French Covid : 60% des patients hospitalisés conservent des symptômes à 6 mois

  • Caroline Guignot
  • Actualités Médicales
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French Covid est la seconde cohorte d’ampleur à dresser le bilan des séquelles observées 6 mois après une hospitalisation pour COVID-19, après celle publiée par la Chine. L’Inserm a présenté les données de suivi à 6 mois ce lundi 10 mai 2021. Ainsi, le suivi médical de 1.137 patients montre que 60%% d’entre eux conservent au moins 1 symptôme à 6 mois (contre 76 % dans la cohorte chinoise). Près d’un quart avaient encore 3 symptômes persistants ou plus, et près de 30% de ceux qui étaient auparavant actifs n’avaient pas repris le travail à 6 mois.

Le suivi de cette cohorte va être poursuivi jusqu’à 18 mois, suivi au cours duquel des tests complémentaires sont prévus, notamment sur la mémoire, la concentration, le stress post-traumatique et la qualité de vie. Par ailleurs, les inclusions ont repris courant avril afin de pouvoir évaluer si la présentation clinique et les séquelles sont différentes avec les nouveaux variants. Par ailleurs, les séquelles cardiaques vont faire l’objet d’investigations chez ceux qui ont eu des symptômes cardiaques biologiques lors de l’hospitalisation.

Plus de 4.000 patients depuis février 2020

French Covid est une cohorte mise en place sous l’égide de l’Inserm, qui a été initiée dès le début de la pandémie en France. Cette étude observationnelle a pour objectif de décrire les caractéristiques cliniques de la maladie et la survenue éventuelle de séquelles, avec recueil des données cliniques, virologiques, immunologiques et génétiques. Depuis le 27 janvier 2020, elle a inclus plus de 4.300 patients hospitalisés dans l’un des 104 hôpitaux participants pour une infection à SARS-CoV-2 confirmée par PCR. French Covid fait partie du consortium international ISARIC visant à la surveillance des infections respiratoires et du projet Orchestra qui s’intéresse au suivi à long terme de l’infection à SARS-CoV-2. Ces coopérations permettent de recueillir des données de façon homogène entre centres et pays participants et ainsi d’atteindre une puissance statistique satisfaisante.

Le suivi à 6 mois présenté par Jade Ghosn, infectiologue et coordonnateur de l’étude, et Cédric Laouénan, épidémiologiste (Hôpital Bichat) a été obtenu à partir des données de 1.137 participants pour lesquels la date d’inclusion permettait d’avoir un suivi à 6 mois disponible à la date d’analyse (courant décembre 2020). Ils avaient un âge médian à l’inclusion de 61 ans, 37% étaient des femmes, et 29% n’avaient pas de comorbidité, alors que 42% en avaient au moins 2. Par ailleurs, 30% de ces patients ont été admis en réanimation.

Près d’une personne active sur 3 n’a pas repris le travail à 6 mois

L’étude initiée au tout début de la pandémie avait établi une liste de 10 symptômes à évaluer et à suivre, bâtie par rapport aux connaissances disponibles jusqu’alors concernant les symptômes persistants habituellement rattachés aux infections respiratoires aiguës : fatigue, dyspnée, douleurs articulaires, musculaires, céphalées, rhinorrhée, toux, mal de gorge, agueusie ou anosmie.

Ainsi, lors de l’hospitalisation, 62% des participants avaient au moins l’un de ces symptômes. À 3 puis à 6 mois, 30% puis 40% des participants n’avaient plus de symptômes, mais à 3 mois 27% en avaient encore 3 ou plus et ils étaient encore 25% à 6 mois. Il s’agissait essentiellement de la fatigue (38%), de l’essoufflement (26%), des douleurs articulaires ou musculaires (17 % dans les deux cas). L’anosmie ou l’agueusie était encore présente chez 7% des patients.

Par ailleurs, parmi les personnes qui étaient actives avant l’hospitalisation, 29% n’avaient pas encore pu reprendre le travail.

L’analyse multivariée entreprise a permis d’identifier que le fait d’être une femme, d’avoir présenté au moins 3 symptômes au moment de l’admission ou d’avoir séjourné en réanimation constituaient des facteurs de risque de persistance d’au moins 3 symptômes à 6 mois. Les séquelles à long terme restent donc une préoccupation, a précisé en substance Jade Ghosn, qui a souligné qu’il était préférable d’employer le terme de séquelle plutôt que celui de Covid long, étant donné que cette dernière notion pourrait à tort faire penser à une persistance du virus dans le temps, ce qui n’est pas le cas. Quoiqu’il en soit, leur origine devra être expliquée (orage cytokinique, séjour en réanimation...), étant donné que leur diversité est relativement surprenante pour une infection respiratoire aiguë.

Ces données ont été parallèlement publiées dans Clinical Microbiology & Infection ce même jour.