Forme chronique de la maladie de Lyme : un diagnostic confirmé chez moins de 10% des patients

  • Haddad E & al.
  • Clin Infect Dis

  • Agnès Lara
  • Résumé d’article
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À retenir

Les résultats ce cette étude menée chez des sujets venant consulter le service des maladies infectieuses et tropicales de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière pour une maladie de Lyme présumée montrent que le diagnostic n’est confirmé que dans moins de 10% des cas. Avant prise en charge dans ce service, la moitié des patients avait reçu un traitement antibiotique probabiliste sans élément de présomption solide. Un autre diagnostic que celui de maladie de Lyme a pu être établi chez 80% des patients, parmi lesquels une forte proportion de troubles psychologiques. Les auteurs s’inquiètent de cette surmédication inutile et du taux élevé d’erreur diagnostique. Ils considèrent qu’après exclusion des autres diagnostics possibles, une amélioration du patient suite à une antibiothérapie recommandée constitue le diagnostic le plus fiable de maladie de Lyme.

Pourquoi cette étude a-t-elle été réalisée ?

Depuis la parution des dernières recommandations de la HAS sur la prise en charge de la maladie de Lyme, la polémique persiste, notamment concernant la forme chronique de la maladie. Chez un grand nombre de patients souffrant de symptômes persistants d’origine non identifiée (fatigue, céphalées, arthralgie, myalgie), une maladie de Lyme chronique est suspectée sans que des éléments tangibles puissent être apportés. Cela conduit à une surconsommation de soins et à des traitements inutiles, laissant certains patients dans l’impasse. Une équipe française a entrepris une approche holistique, centrée sur ces sujets, pour rechercher l’étiologie de leurs symptômes de façon à  confirmer ou à infirmer un diagnostic de maladie de Lyme.

Méthodologie

L’étude a inclus tous les patients ayant consulté le service des maladies infectieuses et tropicales de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière pour une maladie de Lyme présumée entre janvier 2014 et décembre 2017, avec des symptômes durant depuis plus de 4 semaines.

L’approche holistique de ces patients consistait à évaluer les symptômes et leur évolution, l’histoire médicale personnelle du patient, les traitements antibiotiques déjà reçus, l’ensemble des signes et symptômes, les résultats des tests de laboratoire et éventuellement d’autres examens (radios, IRM et scanner). Un traitement antibiotique probabiliste de 4 semaines contre la maladie de Lyme pouvait être envisagé en l’absence d’autres diagnostics évidents ou d’échec connu à un précédent traitement de ce type. Les patients étaient suivis jusqu’à confirmation d’un diagnostic ou adressage à un spécialiste.

Les sujets étaient classés en maladie de Lyme confirmée s’ils présentaient 4 critères : exposition à des piqûres de tique, signes cliniques caractéristiques de la maladie de Lyme, tests sérologiques positifs pour les IgM et les IgG (par test ELISA et Western blot), et amélioration après un traitement antibiotique. Ils étaient classés en maladie de Lyme possible s’ils présentaient 3 de ces critères incluant une réponse positive à un traitement probabiliste.

Résultats

  • Sur les 301 patients examinés, 91% avaient été exposés à des piqûres de tique et 54% avaient été piqués de façon certaine. À l’inclusion, la moitié d’entre eux avait déjà reçu un traitement antibiotique contre la maladie de Lyme durant en moyenne 34 jours.
  • Le diagnostic n’a pu être confirmé que chez 9,6% des patients et une malade de Lyme possible envisagée chez seulement 2,9% d’entre eux (9 patients). Parmi les 29 cas de maladies de Lyme confirmés, 10 avaient eu un érythème migrant, 8 une neuroborréliose, 7 une arthrite et 4 des manifestations cutanées liées à la maladie.
  • Un diagnostic autre que celui de la maladie de Lyme a pu être posé pour 243 patients (80,7%). Ces sujets étaient plus jeunes, présentaient fréquemment plus d’un symptôme et depuis plus longtemps (nombre médian de 3 organes symptomatiques). Les signes cliniques de la maladie de Lyme étaient moins fréquents et les sérologies moins souvent positives. Il s’agissait de troubles psychologiques (31,2% des diagnostics autres), musculosquelettiques (19,7%), neurologiques (15,2%) ou d’autres origines (33,7%).

Limites

Étude monocentrique.