Fibromyalgie : le régime sans gluten soulage-t-il les patients ?

Pourquoi est-ce important ?

Parmi les mécanismes évoqués pour expliquer la physiopathologie de la fibromyalgie sont cités la sensibilité centrale, les intolérances alimentaires et les perturbations de l’axe cerveau-intestin. Il semblerait que 30% des patients modifieraient leur régime alimentaire après le diagnostic de fibromyalgie, notamment en évitant le gluten. Les auteurs évoquent que la sensibilité au gluten non cœliaque reste un trouble controversé du fait de « l’absence de consensus sur son diagnostic », « sa pathogénie inconnue », le doute persistant sur l’agent réellement incriminé dans les symptômes ressentis : s’agit-il du gluten ou d’autres composés (inhibiteurs de l’amylase/trypsine, agglutinines de blé, oligosaccharides, disaccharides, monosaccharides et polyols fermentiscibles encore appelés FODMAP) ? Il était pertinent d’étudier la relation entre fibromyalgie et sensibilité au gluten non cœliaque en raison de la similarité symptomatologique de ces deux situations et de la réponse à un régime sans gluten objectivé par certains patients.

Méthodologie

Cette étude pilote prospective non contrôlée a été réalisée par une unité hospitalière espagnole, spécialisée dans la prise en charge de la fibromyalgie. Des patients atteints de fibromyalgie ont suivi un régime sans gluten durant 6 semaines. Puis, l’amélioration des symptômes des patients a été évaluée. Les patients répondeurs au régime sans gluten étaient ceux qui avaient une réduction pendant au moins 50% des temps d’observation (au moins 3 semaines) d’au moins 30% d’un des trois principaux symptômes ou d’au moins un symptôme sans aggravation des autres. Un test de contrôle de sensibilité au gluten versus un placebo était réalisé chez les répondeurs au régime sans gluten.

Principaux résultats

Au total, 142 patients souffrant de fibromyalgie n’ayant pas de maladie inflammatoire chronique des intestins ou de maladie cœliaque ont été inclus. Parmi eux, 21,8% ont eu une diminution de leurs symptômes après le régime sans gluten mené durant 6 semaines. Et parmi ceux qui répondaient au régime sans gluten, seulement 25,8% étaient positifs au test au gluten/placebo. La prévalence de la sensibilité au gluten non cœliaque était donc de 5,6% sur l’ensemble de cette population de patients atteints de fibromyalgie.

La totalité des patients ayant répondu au régime sans gluten ont eu une amélioration d’au-moins 30% de leurs principaux symptômes gastro-intestinaux et la moitié ont perçu une amélioration d’au-moins 30% d’un de leurs symptômes extra-intestinaux. Cependant, au global, il n’y avait pas d’amélioration significative des symptômes extra-intestinaux ou de la fonctionnalité physique après les 6 semaines de régime sans gluten.

Après analyse multivariée, la présence de diarrhée à l’inclusion augmentait le risque de sensibilité au gluten de près de 30 fois (odds ratio 29,55, p=0,0031) et la présence d’une lymphocytose intra-épithéliale par plus de 3 (OR 3,34, p=0,0406). En revanche, de faibles taux d’anxiété à l’inclusion diminuaient le risque de sensibilité au gluten de 20% (OR 0,80, p=0,0051). Le nombre de patients répondeurs au test au gluten/placebo était trop faible pour pouvoir mener des analyses spécifiques.