Fer et vitamine D : pas de dépistage systématique des carences en population générale
- Serge Cannasse
- Actualités Médicales
À la suite d’une demande de la Direction générale de la santé, le HCSP (Haut Conseil de la santé publique) a mis à jour ses recommandations concernant les apports en fer et en vitamine D dans la population générale adulte, sans aborder les questions relatives à certaines pathologies ou certaines populations spécifiques (par exemple, les femmes enceintes ou allaitantes, les femmes ménopausées ou les hommes de plus de 65 ans).
Le risque de carence en fer se pose principalement pour les femmes en âge de procréer, du fait des menstruations. Cependant, la fréquence des anémies ferriprives est stable depuis plusieurs années, autour de 3%. Ces anémies touchent préférentiellement les femmes d’un faible niveau socio-économique, celles vivant dans les départements d’outre-mer, les multipares, et celles utilisant un dispositif intra-utérin.
Étant donné cette faible fréquence en population générale et les risques d’une supplémentation en fer, le HCSP estime inutile de chercher à augmenter les apports, par exemple en enrichissant certains aliments. Toutefois, une supplémentation martiale limitée dans le temps peut être proposée aux femmes en âge de procréer et à risque de carence, ou ayant un tableau clinique évocateur de carence.
Vitamine D
La proportion de la population générale en carence de vitamine D (moins de 10 ng/mL) était de 4,4% en 2006 (Etude nationale nutrition santé) et de 6,5% en 2015 (étude ESTEBAN). Il s’agit surtout de personnes en situation de précarité, obèses, ou ne s’exposant pas au soleil (par exemple, celles vivant en institution ou qui portent des vêtements très couvrants). Cependant, il n’y a pas lieu de faire un dépistage par dosage sanguin de la 25OHD (25-OH-Vitamine D) en population générale, la qualité des dosages et la définition des seuils étant très variables.
Par ailleurs, si de nombreuses études observationnelles ont montré des corrélations entre faible concentration sérique en vitamine D et certaines pathologies, aucun essai randomisé bien conduit n’a montré l’intérêt d’une supplémentation.
En conséquence, le HCSP recommande de promouvoir une exposition solaire modérée (du fait du risque de cancer cutané) et suffisante. D’autre part, il préconise la consommation d’aliments riches en vitamine D et cohérents avec les recommandations nutritionnelles : poissons gras à hauteur d’une portion par semaine, œufs, fromages et produits laitiers 2 fois par jour. Pour mémoire, la vitamine D de l’organisme provient à 80–90% de la biosynthèse cutanée sous l’effet des rayonnements ultraviolets (UV) du soleil versus 10 à 20% provenant d’une source exogène par absorption d’aliments riches en vitamine D.
Enfin, le HCSP déconseille les auto-prescriptions de compléments alimentaires riches en vitamine D, du fait de possibles effets négatifs à long terme (actuellement en investigation).
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