Faut-il revoir le système de dépistage du cancer colorectal pour les sujets à risque familial ?

  • Nathalie Barrès
  • Actualités Médicales
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À retenir

Le rapport coût-efficacité de plusieurs stratégies alternatives au dépistage individuel du cancer colorectal par coloscopie tous les 3-5 ans vient d’être évalué pour les personnes à haut risque ayant des antécédents familiaux de cancer colorectal.

Les résultats indiquent que la coloscopie est la stratégie la plus efficace et qu’elle est associée à un ratio coût-efficacité important. Si le dépistage par test immunochimique pouvait être associé à un taux de participation plus important (45% contre 30% actuellement), cette stratégie pourrait être aussi efficace que la coloscopie, mais à moindre coût.

Pourquoi ces données sont-elles intéressantes ?

La recherche de sang occulte dans les selles par test immunochimique est le test présentant actuellement le meilleur ratio coût-efficacité pour le dépistage du cancer colorectal en population générale entre 50 à 74 ans. Les sujets à risque important de cancer colorectal du fait d’antécédents familiaux sont actuellement exclus du programme national de dépistage et orientés vers un gastroentérologue pour un suivi par coloscopie complète tous les 3 à 5 ans en fonction des résultats de la première coloscopie. Durant le processus de suivi, le risque de perte de vue du patient est non négligeable. D’où l’intérêt de comparer d’autres stratégies qui pourraient se révéler plus pertinentes pour améliorer le suivi tout en tenant compte de leur ratio coût-efficacité.

Méthodologie

Huit stratégies ont été comparées à l’absence de dépistage pour cancer colorectal : l’usage d’un test non invasif tous les deux ans (recherche de sang occulte dans les selles, biomarqueur mSEPT9 ou recherche d’ADN spécifique anormal dans les selles) ou d’une technique invasive tous les cinq ans (coloscopie, coloscopie par tomodensitométrie, capsule colique et sigmoïdoscopie).

Principaux résultats

La stratégie actuelle de dépistage basée sur une coloscopie tous les cinq ans est associée à une incidence cumulée de 741,4 cancers colorectaux pour 100.000 individus à haut risque.

Dans le contexte français actuel, c’est à dire en considérant un taux de participation des sujets à haut risque au dépistage du cancer colorectal par coloscopie à 30%, les stratégies de dépistage utilisant la coloscopie ou la sigmoïdoscopie sont les plus intéressantes d’un point de vue coût/efficacité (46,2 et 43,9 QALY/1.000 individus) par rapport à l’absence de dépistage. La valeur QALY (Quality Adjusted Life Year) est la mesure d’efficacité la plus couramment utilisée pour mesurer le coût d’une année supplémentaire en bonne santé. Le coût de la coloscopie est cependant beaucoup plus important que celui de la sigmoïdoscopie (484.000€ versus 123.610€/100.000 individus). 

Le coût du test immunochimique est quant à lui inférieur (66.840 €/100.000 individus), mais de moindre efficacité : 25,7 QALY/1.000 individus par rapport à l’absence de dépistage, si l’on considère un seuil de 30μg/g et une adhésion de 30%.

Le coût-efficacité des différentes stratégies sont de 2.600 €/QALY pour celles utilisant le test immunochimique, 3.100€/QALY pour la sigmoïdoscopie versus le test immunochimique, et de 150.000€/QALY pour la coloscopie versus la sigmoïdoscopie par rapport à l’absence de dépistage.

Si l’on considère un seuil inférieur pour le test immunochimique - 10 microgrammes/g - et si l’on parvenait à augmenter le taux de participation de 30% à 45%, le test immunochimique serait alors plus efficace et moins coûteux que la coloscopie à 30% d’adhésion, et l’ICER (Incremental Cost-Effectiveness Ratio) qui représente la variation par QALY gagnée serait de 4.240 €/QALY par rapport à l’absence de dépistage.