Faut-il rechercher et traiter les femmes porteuses d’anticorps anti-SSA en période pré-conceptionnelle ?

  • Placis L & al.
  • Joint Bone Spine

  • Nathalie Barrès
  • Résumé d’article
L'accès à l'intégralité du contenu de ce site est reservé uniquement aux professionnels de santé disposant d'un compte. L'accès à l'intégralité du contenu de ce site est reservé uniquement aux professionnels de santé disposant d'un compte.

À retenir 

Une étude française monocentrique menée chez des femmes porteuses d'anticorps anti-SSA/Ro suggère que l’administration d’aspirine à faible dose ou d’hydroxychloroquine pourrait diminuer fortement le risque d’événement foetal et néonatal délétère. 

  • Au total, 869 grossesses pathologiques sur les 12.250 suivies par ce centre de soin entre 2011 et 2015 ont été incluses dans les analyses (244 femmes, âge médian 34 ans). Toutes ont bénéficié d'une mesure des anticorps anti-SSA/Ro, des anticorps anti-SSB/La, anti-phospholipides et des anticorps anti-thyroïde lors de la visite de pré-conception. Onze pourcents (n=27/244) des femmes présentaient des anticorps anti-SSA (dont 4 patientes à la fois des anti-SSA et anti-SSB). Huit femmes ont reçu un diagnostic de syndrome de Gougerot-Sjögren et 19 ont été déclarées comme porteuses asymptomatiques d’anticorps anti-SSA. Ces 27 femmes ont eu un total de 99 grossesses sur l’ensemble de la période évaluée (soit 3,66 grossesses/femme).
  • Au total, 84% des femmes identifiées positives aux anticorps anti-SSA ont présenté des évènements délétères : morts fœtales (78%), pré-éclampsies (18%), diminutions de la croissance intra-utérine (8,4%), naissances avant terme (8,4%), blocs cardiaques congénitaux (2,4%). 
  • Si les femmes ayant reçu le diagnostic de syndrome de Gougerot-Sjögren et celles porteuses asymptomatiques des anticorps anti-SSA présentaient des taux similaires de mortalité fœtale et de fausse-couches, en revanche les premières recevaient plus souvent que les secondes un traitement médicamenteux (55% vs 30%). Celui-ci était initié durant la grossesse pour 38% d’entre elles, et consistait à prendre de l’aspirine à faible dose (34%), de l’héparine de bas poids moléculaire (21%), de l’hydroxychloroquine (18%), de faibles doses de stéroïdes (18%) ou d’autres molécules (5%). La prise de ces traitements diminuait le risque de perte fœtale chez les femmes porteuses d’anticorps anti-SSA asymptomatique par rapport à celles qui n’en prenaient pas (85% versus 25%, soit un odds ratio de 0,06 [0,01-0,39], p=0,003). Cette tendance était retrouvée chez les femmes ayant reçu un diagnostic de syndrome de Gougerot-Sjögren (OR 0,22, p=0,02).
  • La prise en charge par aspirine à faibles doses ou par hydroxychloroquine des femmes identifiées positives aux anticorps anti-SSA avait fortement diminué le risque global de complications obstétriques et la mort foetale (odds ratio 0,05 [0,01-0,37], p=0,003 sous aspirine et 0,15 [0,02-0,98], p=0,04 sous hydroxychloroquine).

Pourquoi cette étude a-t-elle été menée ?

Les anticorps dirigés contre les protéines du système Ro/SSA (SSA-52 et SSA-60) peuvent être rencontrés dans bon nombre de maladies auto-immunes. Leur impact sur la grossesse en dehors du bloc cardiaque congénital est controversé. La positivité à ces anticorps chez des femmes présentant des évènements obstétriques morbides inexpliqués n’avait encore jamais été évaluée. 

Méthodologie

Cette étude a été menée à partir de données rétrospectives incluant toutes les femmes ayant consulté entre 2011 et 2015 pour morbidité obstétrique (récidive de fausse couche, mort intra-utérine, diminution de la croissance intra-utérine, pré-éclampsie, prématurité due à une pré-éclampsie) au sein d'un hôpital parisien. Aucune cause étiologique ne devait avoir été préalablement identifiée.