Faut-il préconiser le dépistage systématique de l’infection à cytomégalovirus durant la grossesse ?
- Billette de Villemeur A & al.
- BMC Infect Dis
- Nathalie Barrès
- Résumé d’article
À retenir
Les Autorités de santé ont sollicité le Conseil supérieur de la santé pour évaluer l’intérêt du dépistage sérologique systématique de l’infection à cytomégalovirus chez la femme enceinte versus l’absence de dépistage (situation actuelle) ou la mise en œuvre de la promotion de l’hygiène. Les auteurs du rapport qui en découle mettent en exergue que :
- Les données pertinentes dans le domaine sont faibles,
- Le dépistage systématique ne présente pas d’intérêt sur la survenue de complications graves,
- La promotion de l’hygiène présenterait plus d’intérêt que le dépistage systématique.
Pourquoi ces résultats sont intéressants
L’infection à cytomégalovirus est l’infection virale congénitale la plus fréquente (prévalence entre 0,4 à 0,7% dans les pays industrialisés). Dans 87% des cas, les enfants ne présentent pas de séquelle. Mais lorsqu’elles surviennent, celles-ci peuvent être précoces ou non (jusqu’au 7eanniversaire). Le risque de séquelle suite à une infection congénitale à cytomégalovirus est de l’ordre de celui consécutif à une toxoplasmose ou à une spina bifida.
Méthodologie
En 2016, le Conseil supérieur de la santé a été mandaté pour revoir les recommandations concernant la prévention de cette infection chez la femme enceinte. Une analyse a été réalisée pour comparer l’absence de dépistage (situation actuelle) au dépistage sérologique systématique au cours du premier trimestre et à la promotion de l’hygiène. Les critères d’évaluation étaient les suivants : 1) survenue de séquelles graves chez l’enfant (déficit intellectuel avec QI ≤50 ou déficit auditif <70dB ou déficit visuel ≤3/10 au meilleur œil) ; survenue de séquelles modérées (tout niveau de déficit intellectuel, auditif ou visuel) ; 3) décès de l’enfant ou interruption de grossesse. Le modèle déterministe était basé sur les estimations minimales et maximales identifiées dans la littérature (572 références dont 90 revues systématiques).
Principaux résultats
Les estimations mettent en évidence à partir d’une cohorte de 800.000 femmes enceintes qu’en France, 4.352 premières infections à cytomégalovirus conduiraient à 1.741 infections fœtales et qu’un nombre non identifié de réinfections pourrait conduire à 1.699 infections fœtales complémentaires. L’ensemble de ces infections fœtales conduirait à 788 séquelles liées à l’infection elle-même, dont 316 décès fœtaux ou arrêts de grossesse, 424 séquelles modérées et 48 séquelles sévères.
Qu’apporterait un dépistage sérologique systématique par rapport à la situation actuelle ?
À travers un dépistage systématique, il faut mettre en balance d’une part l’augmentation de 66% des conséquences délétères notamment par quasi-triplement des arrêts thérapeutiques de grossesse, et d’autre part la diminution de 17% des nouveau-nés symptomatiques et de 17% également des séquelles sévères chez ces enfants.
La promotion de l’hygiène pourrait quant à elle réduire de 25% la survenue de conséquences délétères (avec une baisse identique des arrêts de grossesse et des séquelles sévères). Ainsi, la promotion de l’hygiène pourrait conduire chaque année à la diminution de 12 cas de séquelles graves chez l’enfant, et à environ 100 cas de séquelles modérées et à la diminution d’un quart environ du nombre de décès fœtaux ou d’arrêt de grossesse.
Limitations
La principale limite de cette analyse est le manque de traitement efficace dans ce contexte.
Malheureusement, l’accès à l’intégralité de cet article est reservé uniquement aux professionnels de santé disposant d’un compte.
Vous avez atteint la limite d'articles par visiteur
Inscription gratuite Disponible uniquement pour les professionnels de santé