Faut-il opérer les ruptures du tendon d’Achille ?
- Ochen Y & al.
- BMJ
- Nathalie Barrès
- Résumé d’article
À retenir
Les ruptures du tendon d’Achille seraient en augmentation, notamment du fait d’une population âgée de plus en plus active. Sa prise en charge chirurgicale fait toujours débat. Une méta-analyse suggère que celle-ci réduirait le risque de rupture itérative par rapport à l’absence de traitement (différence de risque cependant faible, 1,6%), et la chirurgie est associée à un taux de complications plus important notamment infectieuses (différence de risque de 3,3%). Les auteurs indiquent qu'il est donc nécessaire d'intégrer des critères spécifiques liés au patient dans le choix de la prise en charge. Afin de mieux évaluer l’intérêt ou non de la chirurgie, les auteurs invitent à la réalisation de nouvelles études sur le sujet comparant ces deux prises en charge chez différents groupes d’âges et profils cliniques (immunodéprimés, diabétiques, IMC élevé, patients avec neuropathies, maladie vasculaire périphérique ou troubles dermatologiques).
Pourquoi cette étude a-t-elle été menée ?
La prise en charge chirurgicale de la rupture du tendon d’Achille a diminué au cours de la dernière décennie suite aux conclusions de nombreux essais cliniques randomisés et contrôlés montrant des résultats comparables selon que les patients bénéficiaient ou non d’une prise en charge chirurgicale. Cette méta-analyse évalue en plus le risque de rupture itérative après réhabilitation fonctionnelle avec mise en charge précoce.
Méthodologie
La méta-analyse a été réalisée à partir d’une revue systématique de la littérature ayant identifié toutes les études randomisées, contrôlées et les études observationnelles publiées jusqu’en avril 2018 et ayant comparé chez des sujets avec rupture du tendon d'Achille, une prise en charge chirurgicale versus l’absence de chirurgie.
Principaux résultats
La revue de la littérature a permis d’identifier 29 publications pertinentes sur le sujet, dont 10 essais cliniques randomisés (n=944) et 19 études observationnelles (n=14.918). Ainsi, les données de 15.862 patients, majoritairement des hommes (74%) ont été analysées (9.375 avec chirurgie et 6.487 sans chirurgie). Par rapport à l’absence de chirurgie, une réduction significative des rupture itérative a été notée après chirurgie (2,3% vs 3,9%), soit une diminution du risque de 57% (ratio de risque (0,43 [0,31-0,60] p<0,001, I2 =22%). La différence entre les deux groupes est cependant faible puisqu’elle n’est que de 1,6%. Aucune différence d’effet n’a été mise en évidence entre les essais cliniques et les études observationnelles. En revanche, la chirurgie augmenterait significativement le taux de complications (4,9% versus 1,6%), risque relatif 2,76 [1,84-4,13], (p<0,001, I2 =45%). Le ratio de risque était de 3,26 en ne considérant que les essais cliniques mais avec une forte hétérogénéité entre les différentes études et de 2,93 en ne considérant que les études observationnelles (sans hétérogénéité en revanche).
Les infections constituaient la principale complication de la chirurgie (2,8% dans le groupe chirurgie versus 0,02%) et la thrombose veineuse profonde était la complication la plus fréquente en cas d’absence de prise en charge chirurgicale (1,17% sans chirurgie versus 0,07% avec). La réduction du taux de rupture itérative était similaire lorsque la mise en charge était précoce ou tardive, ou lorsque la réhabilitation fonctionnelle accélérée avec rééducation précoce d’amplitude de mouvements était pratiquée (ratio de risque 0,60 [0,26-1,37], p =0,33, I2 =0%).
Principales limitations
Les résultats peuvent être influencés par des articles non sélectionnés. Les textes complets de trois publications n’ont pas pu être obtenus.
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