Faut-il distinguer fibrillation atriale et flutter atrial en fonction du score CHA2DS2-VASc ?

  • Nathalie Barrès
  • Résumé d’article
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À retenir 

Les résultats d’une étude de cohorte nationale publiée dans la revue JAMA suggèrent que les patients souffrant de fibrillation atriale (FA) ou de flutter atrial (FLA) auraient un risque d’hospitalisations pour insuffisance cardiaque et de mortalité toutes causes significativement supérieur aux sujets contrôles, quel que soit le score CHA2DS2-VASc. En revanche, toujours par rapport aux sujets contrôles, si le risque d’AVC ischémique était significativement supérieur quel que soit le score CHA2DS2-VASc chez les sujets souffrant de fibrillation atriale, il n’était significativement supérieur chez les sujets souffrant de flutter atrial que pour des scores CHA2DS2-VASc compris entre 5 et 9.

Méthodologie

Étude nationale de cohorte taïwanaise menée à partir de données établies entre 2001 et 2012. Au total, 219.416 individus ont été appariés par âge et sexe. Les résultats ont été comparés après stratification par score CHA2DS2-VASc (entre 0 et 9, 9 indiquant le plus fort risque d’AVC ischémique).

Potentielles implications cliniques

Les recommandations actuelles considèrent la fibrillation atriale et le flutter atrial comme des facteurs de risques équivalents dans la stratification du score CHA2DS2-VASc, et préconisent un traitement anticoagulant à partir d'un score ≥2. Cependant, les résultats de cette étude suggèrent qu’il existerait des niveaux de risque différents chez les sujets ayant une fibrillation atriale et un flutter atrial en fonction du score CHA2DS2-VASc.

Les auteurs préconisent la réalisation de nouvelles études afin de réévaluer le bénéfice clinique net de l’utilisation des anticoagulants en prévention du risque d’AVC ischémique chez les patients présentant un flutter atrial en fonction du score CHA2DS2-VASc actuellement recommandé.

Principaux résultats

Cette étude a inclus 188.811 patients souffrant de fibrillation atriale (âge moyen 73,8 ans, 55,5% d’hommes), 6.121 patients souffrant de flutter atrial (âge moyen 67,7 ans, 61,0% d’hommes) et 24.484 sujets contrôles appariés (âge moyen 67,3 ans, 61,0% d’hommes). Par rapport aux sujets avec flutter atrial, les sujets ayant une fibrillation atriale étaient plus âgés, étaient plus souvent des femmes, avaient plus de comorbidités (incluant des antécédents d’AVC) et avaient un CHA2DS2-VASc plus élevé.

Durant le suivi moyen de 3,1 ans, et après stratification sur le score CHA2DS2-VASc, l’incidence de l’AVC ischémique, d’une hospitalisation pour insuffisance cardiaque ou de la mortalité toutes causes confondues étaient significativement supérieure chez les sujets avec fibrillation atriale que chez les sujets contrôles. Le nombre d’événements pour 100 personnes-années, était :

  • Pour l’incidence d’AVC ischémique, de 3,08 [3,03-3,13] pour la cohorte FA vs 1,45 [1,28-1,62] pour la cohorte AFL et 0,97 [0,92-1,03] pour la cohorte contrôle.
  • Pour l’incidence des hospitalisations pour insuffisance cardiaque, de 3,39 [3,34-3,44] pour la cohorte AF, de 1,57 [1,39-1,74] pour la cohorte AFL et de 0,32 [0,29-0,35] pour la cohorte contrôle.
  • Pour l’incidence de la mortalité toutes causes, de 17,8 [17,7-17,9] pour la cohorte AF, de 13,9 [13,4-14,4] pour la cohorte AFL et de 4,2 [4,1-4,4] pour la cohorte contrôle.

Par rapport aux sujets contrôles, chez les patients ayant un flutter atrial, l’incidence des hospitalisations pour insuffisance cardiaque et de la mortalité toutes causes, était également significativement supérieure pour tous les scores CHA2DS2-VASc, mais l’incidence des AVC ischémiques était significativement supérieure que pour les scores CHA2DS2-VASc comprisentre 5 et 9.

Principales limitations

  • Étude rétrospective.
  • Les cas de fibrillation atriale et de flutter atrial n’ont pas été sous-divisés en fonction du sous-type de pathologie.
  • Le diagnostic de fibrillation atriale et de flutter atrial était basé sur des données administratives.
  • La prise d’anticoagulant n’a pas été intégrée aux analyses.
  • La différence de prévalence des comorbidités dans les trois cohortes a pu contribuer aux différences mises en évidence.