Fatigue - insomnie : 2 signes de risque d’arrêt précoce d’une hormonothérapie pour cancer du sein !
- Nathalie BARRÈS
- Résumé d’article
À retenir
- Une équipe française a cherché à décrire pourquoi certaines patientes traitées pour cancer du sein par hormonothérapie n’observent pas bien leur traitement ou l’arrêtent prématurément.
- La diminution de la qualité de vie, la douleur et la fatigue sont parmi les items les plus fréquemment rapportés en cas d’arrêt prématuré de traitement dans un contexte de cancer.
- Les auteurs insistent sur la nécessité d’« une meilleure gestion des toxicités et du développement de nouvelles hormonothérapies adjuvantes mieux tolérées pour maintenir les patientes sous traitement ».
Pourquoi est-ce important ?
L’immense majorité (70%) des femmes atteintes d’un cancer hormono-dépendant et HER2-négatif bénéficient d’un traitement hormonal par tamoxifène ou inhibiteur de l’aromatase (IA). La durée standard du traitement est de 5 ans, et peut être prolongée à 7 ou 10 ans avec un véritable bénéfice pour les femmes ayant un cancer du sein à haut risque. La non-observance du traitement et son arrêt avant 3 ans entraîne une diminution de la survie sans maladie chez toutes les femmes. Or, un nombre important de celles recevant une hormonothérapie adjuvante pour cancer du sein ressentent des effets secondaires et une diminution de leur qualité de vie les conduisant à arrêter leur traitement endocrinien. Il est donc intéressant d’évaluer l’ampleur de la problématique pour y remédier.
Méthodologie
Les données analysées proviennent de patientes de la cohorte prospective Cancer Toxicities. Ces femmes étaient atteintes d’un cancer du sein de stade I à III, positif aux récepteurs hormonaux, HER2 négatif et traitées entre 2012 et 2017. Elles ont été évaluées à T0, c’est-à-dire à l’inclusion après un premier traitement (chirurgie, chimiothérapie ou radiothérapie), puis quelques mois après le début du traitement hormonal (T1), puis 1, 3 et 5 ans après T1.
Pour les analyses, elles ont été stratifiées en fonction de leur statut ménopausique. Les schémas d’hormonothérapie adjuvante, y compris les changements ou abandon de traitement, les toxicités et la qualité de vie ont été évalués. Plusieurs variables indépendantes ont été considérées : caractéristiques cliniques, démographiques, toxicités, effets indésirables rapportés par les patientes. À partir de toutes ces données, un modèle de prédiction de l’arrêt précoce du traitement a été développé.
Principaux résultats
La durée médiane de suivi à partir de l’initiation de l’hormonothérapie était de 4,8 ans.
Chez les femmes ménopausées, l’anastrozole et le létrozole (IA non stéroïdiens) étaient les traitements de choix pour 87% des femmes en première intention. En cas de premier switch, 49% recevaient de l’exemestane (IA stéroïdien) puis en cas de 2e switch le tamoxifène était le traitement de choix.
Pour les femmes non ménopausées, le tamoxifène était l’hormonothérapie de choix en première intention, 87% recevaient un IA en deuxième intention, le tamoxifène ou un IA étant choisis à parts égales en troisième intention.
À 5 ans, 13% et 15% des femmes ménopausées et non ménopausées respectivement avaient arrêté leur traitement précocement. À 4 ans, le taux d’abandon de la première hormonothérapie prescrite était de 30% chez les femmes ménopausées et 35% chez les femmes non-ménopausées. La majorité des patientes qui switchaient d’une hormonothérapie à une autre continuait de connaître des toxicités et restaient à haut risque d’arrêt précoce.
Les femmes qui avaient déjà arrêté une première fois leur hormonothérapie avant T1 étaient plus susceptibles de l’arrêter définitivement. Les scores de qualité de vie les plus importants à T1, ainsi que l’amélioration des items de sociabilisation et l’amélioration émotionnelle entre l’inclusion et T1 étaient associés à des taux plus faibles d’arrêt précoce. Le fait d’avoir subi une mastectomie et une radiothérapie était associé à des taux plus faibles d’abandon précoce également.
À T3, les patientes qui avaient changé d’hormonothérapie ont souffert de toxicités plus sévères quelle que soit la catégorie. Elles ont également signalé une diminution de leur qualité de vie liée à la santé, ainsi qu’une aggravation de leur fatigue, douleurs et insomnie. C’est en particulier vrai pour les femmes ménopausées, les résultats étaient moins concluants pour les femmes non ménopausées.
Le passage à une nouvelle hormonothérapie était associé à une augmentation des symptômes et à une moins bonne qualité de vie, ainsi qu’à un taux d’abandon de traitement plus important. Le modèle développé pour évaluer l’interruption précoce a obtenu un indice C de 0,62 [0,56-0,68].
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