Fast-food, café et risque de cancer du sein…

  • Nathalie Barrès
  • Actualités Médicales
L'accès à l'intégralité du contenu de ce site est reservé uniquement aux professionnels de santé disposant d'un compte. L'accès à l'intégralité du contenu de ce site est reservé uniquement aux professionnels de santé disposant d'un compte.

À retenir

  • Le risque de cancer du sein serait fortement augmenté chez les femmes fortement consommatrices de produits riches en acrylamide de par leur mode de préparation : café, frites, chips, pâtisseries et gâteaux, …
  • Ces données sont démontrées via plus de 80.000 femmes suivies par l’étude Nutrinet-Santé.
  • Le risque accru de cancer du sein en association avec la consommation de produits alimentaires riches en acrylamide concernerait seulement les femmes non ménopausées

Pourquoi est-ce important ?

  • Bien que l’acrylamide soit classé par l’Agence Internationale de recherche sur le cancer comme agent carcinogène probable (groupe 2A) chez l’être humain, les preuves épidémiologiques d’incrimination des apports liés à l’alimentation sont limitées.
  • En effet, les principales sources d’exposition identifiées jusqu’à présent sont l’exposition cutanée et l’inhalation industrielle ou le tabagique. En 2002, des études ont décrit la présence d’acrylamide dans certains aliments préparés à des températures élevées (>120°C) et à faible humidité (ex. frites, chips, pain, biscuits, café). Si le tabagisme représente la principale source d’acrylamide chez les fumeurs., en revanche, chez les non-fumeurs, c’est l’alimentation.
  • L’association mise en évidence entre l’augmentation du risque de cancer et l’augmentation de la consommation d’acrylamide via l’alimentation incite à mettre en place des stratégies permettant de limiter l’usage de ces composants dans l’alimentation.
  • Dès 2015, l’Autorité Européenne de Sécurité des Aliments (EFSA) a communiqué sur son inquiétude concernant l’exposition à l’acrylamide via l’alimentation et le risque de cancer.
  • Seulement 5 études de cohortes prospectives et une étude de cas ont étudié l’association entre consommation d’acrylamide via l’alimentation et risque de cancer du sein. Cinq n’ont rapporté aucune association pour le risque de cancer du sein global ou plus spécifiquement positif aux récepteurs hormonaux. La dernière, une étude britannique menée sur une cohorte de femmes non ménopausées a révélé une association positive. Mais seul un faible nombre d’aliments était référencé dans les bases de données.
  • D’où l’intérêt de cette large étude prospective menée sur une cohorte de femmes françaises.

Méthodologie

Des femmes de la cohorte française NutriNet-Santé, âgées en moyenne de 40,8 ans ont été suivies durant 8,8 ans en moyenne. L’absorption d’acrylamide a été évaluée à partir d’environ 5 enregistrements en moyenne de la consommation alimentaire des dernières 24 heures. Ces données ont été associées à une base de données de la composition alimentaire. Les associations entre la consommation d’acrylamide et le risque de cancer du sein ont été évaluées globalement, puis en fonction du statut ménopausique et ajustées aux facteurs de risque sociodémographiques, anthropométriques, de style de vie, d’antécédents médicaux et de différents facteurs nutritionnels.

Principaux résultats

Sur l’ensemble des 80.597 femmes incluses, l’absorption moyenne d’acrylamide a été évaluée à 30,1 ± 21,9 microgrammes par jour. Les principaux contributeurs à ces apports étaient le café (30% de l’ensemble des apports), les frites et les chips (24%), les pâtisseries et autres gâteaux (14%) et le pain (12%). Les femmes dont les apports en acrylamide via l’alimentation étaient plus importants étaient plus susceptibles que les autres de fumer, d’avoir un faible niveau d’éducation, un indice de masse corporelle (IMC) élevé et une plus forte consommation d’alcool, de sucre, de sel, d’acides gras saturés, de viande rouge transformée ou non, des d’aliments transformés et une moindre consommation de fibres, de fruits, de céréales complètes, de produits laitiers et de produits de la mer.

Durant le suivi moyen 8,8 ans, 1.016 cas incidents de cancer du sein ont été diagnostiqués (431 femmes non ménopausées et 585 femmes ménopausées). 

Une association positive et significative a été observée entre l’exposition à l’acrylamide et le risque global de cancer du sein avec une augmentation du risque de cancer du sein de 21% entre les plus fortes consommatrices de produits chargés en acrylamide et celles en consommant le moins (hazard ratio entre le 4ème quartille et le 1er(HR1-4) 1,21 [1,00-1,47], association à la limite de la positivité). Le risque était plus prononcé et statistiquement plus fort chez les femmes non ménopausées (HR1-41,40 [1,04-1,88]). 

L’association entre les apports en acrylamide et le risque de développer un cancer du sein n’a pas été retrouvé en post-ménopause.

Une interaction significative a été mise en évidence entre l’apport en acrylamide et la consommation d’alcool. Après stratification sur la consommation d’alcool, chaque augmentation de la consommation d’alcool d’un verre était associée à une augmentation du risque de cancer du sein de 49% (toutes femmes confondues) et d’un doublement du risque de cancer du sein spécifiquement chez les femmes non ménopausées : HR1-4 1,49 [1,06-2,10], ptrend 0,03 et 2,08 [1,17-3,68], ptrend 0,01).

Principale limitation

  • Étude observationnelle.