FAQ : la canicule et son impact sur la santé
- Nathalie Barrès
- Actualités Médicales par Medscape
La chaleur peut engendrer plusieurs symptômes et pathologies : éruptions cutanées, crampes, syncope thermique, épuisement ou encore un coup de chaleur. Ce coup de chaleur est défini par une température corporelle qui dépasse les 40°C en raison de l’exposition à la chaleur ambiante associée à une absence de thermorégulation. Cet état conduit au dysfonctionnement de plusieurs organes et à des anomalies du système nerveux central (SNC)1,2. En 2021, les vagues de chaleur ont été à l’origine de 239 décès en France3. Le gouvernement a mis en place un Numéro vert Canicule info service : 0800 06 66 66 depuis le 16 juin 2022. Un premier bilan des épisodes de canicule de l’été 2022 a été publié le 19 juillet dernier par Santé publique France.
Les personnes qui risquent de développer une réaction particulière liée à la chaleur comprennent les personnes exposées à des environnements chauds sans ombre, sans eau ou avec des vêtements inappropriés, les personnes mal hydratées du fait d’un état pathologique, d’un faible apport en liquides ou d’une consommation excessive d’alcool. La dénutrition, l’obésité, l'insuffisance rénale, cardiaque, hépatique, respiratoire, les troubles endocriniens, le cancer, les troubles neuropsychiatriques, sont autant de situations à risque en cas d'épisodes caniculaires4,5. Par ailleurs, les femmes tolèrent moins bien que les hommes la chaleur à l’exercice6. Les personnes âgées, polypathologiques et polymédiquées sont les plus exposées lors des épisodes de chaleur. Les personnes âgées ont une transpiration altérée, voire absente, ne permettant pas une compensation en cas d'hyperthermie.
Plusieurs médicaments augmentent les risques liés à la chaleur, notamment les antihistaminiques, les bêtabloquants, les diurétiques et les laxatifs7. Les vasoconstricteurs et les bêtabloquants empêchent une thermorégulation appropriée et peuvent exacerber les effets de la chaleur. Les premiers signes de coup de chaleur sont souvent neurologiques car le cerveau est très sensible à l’hyperthermie8.
Lors de périodes de fortes chaleurs, la pratique d’une activité physique doit s’accompagner de la consommation de liquides équilibrés en électrolytes et du port de vêtements en tissu léger permettant l’évacuation de l’humidité.
Quels sont les symptômes en lien avec de fortes chaleurs ?
Les symptômes les plus typiques des maladies liées à la chaleur sont les crampes, l’épuisement et les coups de chaleur.
L’épuisement est souvent l’un des symptômes précurseurs d’un coup de chaleur. Il peut être associé à une transpiration abondante, une respiration rapide, un pouls rapide et faible.
Le coup de chaleur se caractérise par une température corporelle centrale >40°C), des vomissements, une peau sèche et chaude et une tachycardie. Dans les stades les plus avancés, des symptômes neurologiques surviennent, avec confusion, ataxie, convulsions et délire. Une rhabdomyolyse entraînant une insuffisance rénale et une coagulopathie peut survenir. La mortalité liée aux coups de chaleur approche les 10% et peut atteindre 33% chez les patients ayant une hypotension9.
Il existe deux types de coup de chaleur : ceux liés à une activité physique et ceux liés aux vagues de chaleur environnementale. Le coup de chaleur à l’exercice se développe lorsque la chaleur générée par l’activité musculaire s’accumule plus rapidement que le corps ne peut la libérer par vasodilatation cutanée et transpiration10. Le coup de chaleur hors activité physique intense concerne plutôt les personnes âgées sédentaires, les personnes atteintes de pathologies chroniques et les sujets jeunes. C’est typiquement le coup de chaleur qui se produit durant les vagues de chaleur. Ces deux types de coup de chaleur sont associés à une morbi-mortalité importante, en particulier si la prise en charge est retardée8. Il est essentiel de les reconnaître et de les traiter au plus vite, car les séquelles peuvent être importantes, voire compromettre le pronostic vital. Les plus graves comprennent les lésions neurologiques, le collapsus cardiovasculaire, les lésions pulmonaires, l’insuffisance hépatique et rénale et les troubles gastro-intestinaux11.
Que savoir sur les lésions cutanées liées à la chaleur ?
Appelée miliaria rubra, cette éruption cutanée apparaît sous forme de petits boutons rosâtres sur les zones du corps couvertes par des vêtements. Elle est causée par le blocage des canaux sudoripares, ce qui entraîne une fuite de sueur dans l’épiderme ou le derme12. Les lésions se développent dans les minutes ou les heures qui suivent la stimulation de la transpiration et disparaissent rapidement (généralement moins d’une heure après le retrait du stimulus qui a conduit à la transpiration). Les personnes ayant ce type d’éruption cutanée ont un risque accru d’épuisement lié à la chaleur au cours de l’effort par temps chaud, parce que leurs capacités à dissiper la chaleur par la transpiration est altérée13.
Le traitement consiste à rafraîchir et assécher les zones concernées et appliquer des corticoïdes locaux14.
Traitement de l’hyperthermie
Plusieurs techniques de refroidissement peuvent être utilisées en cas d’hyperthermie.
- Le refroidissement par évaporation constitue la méthode la plus simple et permet de diminuer la température corporelle centrale d’environ 0,05°C à 0,09°C par minute15. Elle consiste à vaporiser continuellement de l’eau tiède sur le patient déshabillé, tout en dirigeant un grand ventilateur vers lui.
- Une méthode d’évaporation plus rapide consiste à remplacer la vaporisation par l’application d’un linge humide sur le patient. Pour compléter, des compresses froides peuvent être appliquées à certains endroits stratégiques (sur l’aine, sous les aisselles, autour du cou (parties antérieure et postérieure). Les données d’efficacité de l’usage de ces compresses sont cependant médiocres.
- L’immersion dans l’eau glacée du patient est le traitement de choix lorsqu’il est possible. Cette technique réduit la température centrale et celle du cœur d’environ 0,15°C à 0,35°C 10,15. La circulation d’eau favorise encore plus le refroidissement. S’il s’agit de la méthode la plus efficace, celle-ci doit être utilisée avec prudence chez les personnes âgées, les enfants et les personnes qui ont un risque de mortalité accru.
- Lorsqu’il n’est pas possible d’immerger l’individu, un refroidissement efficace peut être obtenu en le recouvrant de glace pilée, un drap positionné sur le corps déshabillé. Il faudra dans ce cas faire attention à ce que la poitrine et les extrémités du patient soient recouvertes de glace. Il existe également des couvertures de refroidissement. Celles-ci sont faites de matériaux qui permettent de transpirer et d’absorber la chaleur corporelle et sont généralement remplies de liquide froid ou de gel16.
- Les cas d’hyperthermie sévère doivent être orientés vers un service de soins d’urgence qui peuvent utiliser des techniques plus invasives que celles citées précédemment et qui pourront prendre en charge les complications au besoin.
Cet article a été initialement publié sur Medscape.com, traduit et adapté par Nathalie Barrès.
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