Facteurs de risque d’infection urinaire liée à une souche résistante

  • Opatowski M & al.
  • BMC Infect Dis

  • Caroline Guignot
  • Résumé d’article
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Messages principaux

  • Selon une étude menée sur la base de données de l’Assurance Maladie, le risque d’infection urinaire liée à une bactérie antibiorésistante dépend d’un certain nombre de facteurs récents, comme les prescriptions antibiotiques, le recours à une chirurgie des voies urinaires ou un séjour en soins intensifs. Il est important de mieux encadrer ces évènements à risque afin de limiter la fréquence des infections.

L’antibiorésistance (ABR) est un problème à la fois clinique et de santé publique. Elle n’est pas rare dans les infections urinaires. Certains facteurs de risque d’ABR sont décrits dans la littérature, comme l’âge, les antécédents d’hospitalisation ou le recours à une sonde urinaire. Cependant, ceux-ci ont été établis à partir d’études conduites à partir d’infections à entérobactéries productrices de BLSE. Une équipe française a mené un travail plus large sur le sujet à partir des données de la base de l’Assurance Maladie.

Méthodologie

Les informations de patients adultes hospitalisés pour une infection urinaire due à Escherichia coli, Klebsiella pneumoniae, Staphylococcus aureus, Pseudomonas aeruginosa ou à un entérocoque entre 2015 et 2017 ont été extraites de la base de données. Les cas recensés ont été classés comme des infections communautaires ou infections associées aux soins, lorsque le patient avait été hospitalisé au moins une fois durant 24 heures ou plus au cours du dernier trimestre pour une autre cause. La recherche d’antécédents d’infection urinaire dans les 12 derniers mois a été réalisée.

Principaux résultats

Au total, l’étude a inclus 9.460 cas d’infections urinaires liées à une bactérie antibiorésistante (BAR), dont 31% étaient associés aux soins. La recherche des facteurs de risque de présenter une BAR a été conduite par une analyse cas-contrôle en appariant ces patients à d’autres ayant une infection urinaire sensible à l’antibiothérapie, appariés sur l’âge, le sexe, l’année et la nature de la bactérie. Les hommes représentaient environ la moitié des infections urinaires associées aux soins (IUAS) et 40% de celles d’origine communautaire. Les IUAS touchaient plus souvent des sujets plus âgés et qui restaient plus longtemps hospitalisés.

Les principaux facteurs de risque de présenter une infection urinaire communautaire ou associée aux soins liée à une BAR est le nombre d’antibiothérapies reçues (odds ratio entre 3,07 et 4,26 selon le sexe) et les antécédents d’infections urinaires.

Les antibiothérapies ambulatoires prescrites au cours des 3 derniers mois sont donc apparues comme constituant des facteurs de risque d’infection urinaire communautaire liée à une BAR, notamment lorsqu’il s’agissait d’antibiotiques à large spectre. De même, ils constituaient un facteur de risque d’infection urinaire associée aux soins (OR compris entre 2,05 et 2,97 selon le sexe pour 3 dispensations antibiotiques).

Par ailleurs, une intervention récente sur les voies urinaires (<3 mois) augmentait également le risque d’une infection communautaire chez les hommes (OR 1,3 [1,5-2,6]) et celui d’une infection associée aux soins chez les femmes (OR 2,0 [1,5–2,6]). Enfin, un séjour d’au moins 7 jours en unité de soins intensifs récent augmentait également le risque d’infection associée aux soins chez les hommes (OR 1,7 [1,2–2,6]).